Gaspar no way
If I were as pleased with myself as Gaspar seems to be, I would write my text entirely in english, even if I only talk to french people, …and I would put black cuts between each line, so everyone...
Par
le 23 juil. 2015
132 j'aime
42
Encore et toujours précédé d'un goût de soufre et d'une polémique en bonne et due forme le dernier film de Gaspar Noé fut vendu comme un porno 3D en mode promo racoleuse, s'attardant à tort et à raison sur une certaine interdiction au moins de 18 ans à laquelle il a - pour sa chance - échappé. Car si la sexualité délibérément explicite du bien-nommé Love y occupe une place prépondérante elle n'a, en fin de compte, que des rapports très éloignés avec celle de la production pornographique des 20 dernières années. Love propose avant tout et surtout une histoire d'amour unique, aussi anodine que n'importe laquelle mais également irremplaçable, folle et d'une passion terrible : histoire d'amour scandée par de beaux ébats charnels, d'une tendresse communicative, un tantinet longuets mais touchant juste dans leur réalisme quotidien. Du porno Noé ne reprend que les fantasmes et certains archétypes, évitant toute forme de dégradation morale et de déguisement tapageur : il filme le sexe comme la chose la plus normal et peut-être la plus belle qui soit, sublimant les corps et les membres avec une simplicité inédite dans son Oeuvre...
Une Oeuvre du reste complètement ressassée par le réalisateur, qui pratique dans Love une auto-citation redondante jusqu'au ridicule, parfois même jusqu'à l'agacement. Gaspar Noé recrache une quantité négligeable de gimmicks et de moments-clefs de ses films précédents, tout en s'amusant ouvertement à mettre en abîme son film en faisant la part belle à son propre Musée imaginaire : du Gaspar en veux-tu, du Noé en voilà, du Salo et du 2001, de la VHS et de l'affichage cinéphile à la louche, un caméo grotesque... Les gamineries du cinéaste doivent être outre-passées pour mieux se concentrer sur le véritable noyau dramatique de Love : une histoire simple, finalement assez banale et à l'écriture indigente mais fondée sur la reconnaissance du public. Un film sentimental au spleen sous-jacent, qui réserve quelques très beaux moments.
A noter que la bande originale concoctée par Gaspar Noé n'a jamais été autant au service des images : entre les Variations Goldberg de J.S. Bach, les nappes électro de Thomas Bangalter et les morceaux de Erik Satie ( l'ouverture, en ce sens, est magnifique ) la musique accompagne à merveille les séquences sensorielles. Quant à la 3D, rarement démonstrative, elle insuffle un relief certain aux plans composés davantage dans l'accalmie que dans la frénésie d'un Irréversible ou les acrobaties techniques d'un Enter the Void... Le film n'est pas exempt de défauts, de lourdeurs et de longueurs mais il séduit finalement par son universalité et son audacieuse beauté. Love : un film d'amour avec du sang, du sperme et des sentiments. A voir.
Créée
le 21 juil. 2015
Critique lue 314 fois
3 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Love
If I were as pleased with myself as Gaspar seems to be, I would write my text entirely in english, even if I only talk to french people, …and I would put black cuts between each line, so everyone...
Par
le 23 juil. 2015
132 j'aime
42
J'ai la rage mon pote, j'ai trop la rage. A chaque fois que je pense qu'il y en a un qui va sortir le porno de son vase clos, qui va nous offrir un film honnête avec des bêtes de scènes de sexe,...
Par
le 21 juil. 2015
127 j'aime
121
À grands renforts de promo provocatrice (des affiches plus qu’explicites), de buzz et scandale cannois très rapidement atomisés (par la presse et le public), de simulé or not simulé, de vaines...
Par
le 17 juil. 2015
100 j'aime
15
Du même critique
Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...
Par
le 21 août 2016
42 j'aime
9
Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...
Par
le 14 nov. 2020
38 j'aime
55
Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...
Par
le 4 nov. 2022
26 j'aime
5