Le film démarre de manière brute. Le spectateur est emmené à regarder une prière, en gros plan. Après le dîner, le ton est donné. Seulement trois minutes ont passé dans le film, et nous sommes déjà confronté à de la violence. Phase d’exposition : on montre le personnage principal, juif pratiquant, être le justicier de son quartier. Avec ses deux amis, il va faire respecter ses règles de façon musclée. Puis vient le titre, LES VOISINS DE DIEU, on y comprend qu’on a affaire à un film sur des idéologies, notamment la réflexion sur la pratique d’une religion et l’opposition avec les autres religions.

Et pour mieux comprendre les idéologies, on suit le quotidien de ces trois amis pratiquants le Shabbat. Entrer dans la vie intime de ces personnages, cela permet de mieux en cerner le côté psychologique des personnages. Le pourquoi du comment, et la cause du quoi. Ce qui est très intéressant, c’est que tout ceci passera à moitié par les répliques, et à moitié par l’attitude. Et c’est avec ce côté intimiste, psychologique (et même nostalgique), qu’on s’attache aux personnages. On aurait tort de croire que le film donne raison à ces caïds, car ce film est surtout humain.

Tellement humain qu’il est question d’intégration. Comme le dit le personnage Avi : les gens font ce qu’ils veulent en dehors du quartier, mais à l’intérieur il faut y respecter ses habitants. Tout est une question d’intégration et de respect. Cette idée d’intégration est renforcée par une romance à la Roméo et Juliette. Le personnage Avi qui tombe sous le charme (et réciproquement) d’une jeune femme israélienne non pratiquante. Une histoire d’amour pas énormément développée, au profit du sujet d’intégration. Et ça passe par l’extrême, pour être sûr d’être tranquille et respecté.

Dans toute cette violence et ces idéologies (tous deux poussés à l’extrême), il y a une présence de fanatisme. Comme les maux d’une jeunesse elle-même terrifiée, une jeunesse dépassée par ses idéologies, une jeunesse dénoncée. Mais le film fera aussi preuve d’une touche d’humour. La radicalité était bonne au début, pour bien provoquer et faire rentrer le spectateur dans le film. Maintenant, faut se relâcher un peu, et ces jeunes font preuve de cynisme. Un cynisme en rapport avec leur prétendue puissance, qu’ils ont acquéri grâce à leur statut de justiciers de Dieu.

C’est dans tout ce traitement que l’on sent une progression. Cette progression se situe dans le cinéma israélien. Avec plus de libertés dans le ton, plus de peur de dénonciation, une volonté d’intégration (un cri de halte aux affrontements). Film politique et social universel, où la jeunesse est le futur de notre monde. Une jeunesse déjà portée par des idées et des codes, qu’elle s’empresse de faire respecter, pour le bien de la communauté. Dommage que la réalisation ne soit pas tellement à la hauteur.

La réalisation est loin d’être totalement mauvaise. Mais il manque tout de même un élément essentiel : le language visuel. Quand on a un film comme cela sur le papier, c’est bien dommage que la transposition à l’écran soit si vaine. Peut-être un peu de timidité ou une volonté de recul, mais c’est bête que la caméra ne serve ici que comme témoin des situations. On nous montre ces personnages dans leur quotidien et leurs idéologies, mais rien de plus. Aucune forme ne se distinguera pour apporter une ambiance similaire, ou contraire.

On aurait aimé un vrai point de vue avec ce sujet universel. Mais le réalisateur ne fait que dans la démonstration. Mais il a déjà fait la moitié du travail. La mise en scène est d’une qualité irréprochable. La direction d’acteurs est millimétrée, avec des gestes guidés et quelques imrpovisations. Une scène fabuleuse à voir, celle de la confession. Les décors et la musique sont aussi à signaler. Un grand soin a été mis dans ces deux éléments du film. Ils nous permettent une meilleure intégration avec les personnages.

Finalement, LES VOISINS DE DIEU est un film au sujet universel. Film qui se situe aussi bien sur la politique, le social, la psychologie et la religion. Meni Yaesh nous parle d’idéologies, d’intégrité et de jeunesse. Mais il est vraiment dommage que la réalisation ne soit pas à la hauteur. Malgré une belle mise en scène, notamment des acteurs parfaits, la caméra ne reste qu’un témoin des situations. Un réel point de vue sur ce fanatisme et cette intégration aurait été un beau plus. Même si la dernière scène peut en choquer plus d’un avec son message douteux, ne pas oublier le cynisme dont le film fait preuve. Et à noter la magnifique scène de la confession.

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Auteur : Teddy
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le 16 août 2013

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