Première réalisation de Patrice Leconte cette comédie loufoque et nonsensique, co-écrite par Gotlib, fut largement décriée par le public et la critique lors de sa sortie en 1976... Elle témoigne pourtant d'une foule de petites idées pour le moins étonnantes, d'une lourdeur tellement assumée et prononcée qu'elle emporte en définitive notre adhésion. Epaulé du grand Jean Rochefort et de Coluche ( alors au sommet de sa carrière d'humoriste ) Leconte livre une enquête cocasse, absurde et décalée, construite comme un scénario délibérément laborieux en forme de grand détournement : des dialogues risibles qui surlignent les gags, des références pour le moins osées mais gentiment attrayantes ( du Gaston Leroux, du Jean-Luc Godard, un soupçon de Melville... ), un polar parodique tournant et retournant sur lui-même comme une farce déraisonnable et déraisonnée.
Coluche signe son premier grand rôle à l'écran en reprenant beaucoup de l'héritage du clown à bretelles qu'il incarnait sur scène, aux côtés d'un Jean Rochefort flegmatique en diable. La musique de Paul Misraki, racée mais ad hoc, intervient parfois au détour d'une scène telle une embardée mélodique somme toute très sympathique. Du générique d'ouverture à la conclusion proche du pied-de-nez Les vécés étaient fermés de l'intérieur est un premier long métrage d'une inventivité séduisante, ridiculement attachant et imparfait. Pas mal du tout.