Entre courts-métrages de propagande (Der Fuehrer's Face), documentaires (Au Sud de la Frontière avec Disney) et films plus complets (Victoire dans les Airs) pour le gouvernement américain, Walt Disney trouve le temps d'effectuer deux autres voyages au Mexique en 1943 pour prolonger l'expérience enrichissante que fût Saludos Amigos.


Le public latino-américain ayant été au rendez-vous et les dépenses étant très réduites en comparaison à des productions coûteuses comme Fantasia, les Studios voient en ces compilations un moyen de rentabiliser facilement et rapidement leurs créations animées. Ils vont s'emporter un peu vite malgré tout puisque le budget total des Trois Caballeros atteindra les 2 millions de $, ces excès étant probablement dus à la date de sortie maintes fois décalée.


Les Trois Caballeros peut donc être considéré comme la première vraie suite de l'histoire de la Walt Disney Company même s'il n'a pas une histoire concrète. Il réutilise les idées et les thèmes développés dans Saludos Amigos pour les pousser au maximum. L'élément le plus notable est le mélange d'acteur en chair et en os et de toons dans une même scène qui, il faut le reconnaître, est toujours bluffant de nos jours.


Walt Disney continue à expérimenter mais Les Trois Caballeros souffre d'un sérieux problème qui n'avait jamais été présent dans un film de L'Oncle Walt jusqu'à présent, le dosage. Saludos Amigos tenait la route grâce à son format très court mais ces nouvelles aventures durent plus d'une heure et cela se sent. Passé la première partie composée des courts-métrages Le Pingouin à Sang Froid et L'Histoire du Gauchito Volant, Les Trois Caballeros se lance dans un délire visuel interminable et éreintant.


Tout aussi créative et ingénieuse que soit sa réalisation, Les Trois Caballeros oublie l'essentiel, celui de nous divertir. Il nous envoie tout à la figure sans réussir à nous intéresser à la culture brésilienne et mexicaine. Ses procédés techniques sont certes révolutionnaires mais ne sont au service que d'un brouhaha gigantesque écœurant où certaines séquences douteuses perturbent notre attention (Donald passant ici pour un obsédé, rien d'étonnant à ce que Don Rosa ait repris cette affaire dans ses bandes dessinées).


Le dessin animé fait revenir José Carioca mais introduit aussi un nouveau personnage, Panchito Pistoles, un coq mexicain voulant faire découvrir la culture locale à Donald. À eux trois, ils forment les "héros" du titre mais on ne comprend pas l'intérêt du trio, José et Panchito n'étant que des guides hauts en couleur sans réelle connexion avec le canard.


Sur la forme plus abouti et perfectionné que Saludos Amigos, Les Trois Caballeros en devient à la longue fatiguant. À force de brailler, hurler et gigoter dans tous les sens, le film finit pas perdre son spectateur qui s'ennuie profondément devant cette suite de saynètes qui ne s'arrêtent jamais. Son manque de succès en salles n'a alors rien d'une surprise. Il ne saura plaire qu'aux purs fans du studio aux grandes oreilles qui y verront une animation sensationnelle pour un fond inexistant.

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le 9 févr. 2017

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Walter-Mouse

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