ATTENTION SPOILS À FOISON !!!


A moins de s'auto-produire ou de connaître sur le bout des doigts les us et coutumes des Huiles Hollywoodiennes, impossible de ne pas se fracasser la couenne lors d'une première expérience avec le système. "Mission accomplie" donc pour George Miller complètement dépité suite à son expérience comprenant un trio de stars féminines et un Jack Nicholson qui se la joue personnel. Cerise sur le gâteau, le producteur Jon Peters exige un Alien dans le film et peu importe comment sa venue se justifiera dans le scénario. Ambiance, ambiance pour le réalisateur de Mad Max.


Entre idées saugrenues et caprices de Diva, on se demande encore comment Miller a su tiré son épingle du jeu. A aucun moment, "Les Sorcières d'Eastwick" ne souffre de la malveillance de ses financiers. Il semblerait qu'elle est même servie inconsciemment de carburant au jeu de massacre perpétré par un scénario bien décidé à dégommer tout le bien pensant d'une micro société organisée. D'ailleurs, "Eastwick" n'a rien a envier à la colonie de Manchots de "Happy Feet" avec ses habitants blonds tous recouverts du blanc virginal protecteur et hypocrite cachant assez mal les actes malveillants d'une gente masculine aux mains baladeuses. Au premier plan, donc, deux victimes, Sukie (Michelle Pfeiffer) à la tête d'une tripotée de mômes et lâchement abandonnée par son mari, Jane (Susan Sarandon) en plein divorce, et, pour finir, une veuve, Alexandra, (Cher) las de sa condition de femme esseulée. Une sororité prête à reprendre le dessus quitte à fantasmer l'amant parfait et peut être à embraser secrètement le traditionalisme de la petite ville. Souhait exaucé en la personne de Daryl Van Horn (Jack Nicholson) milliardaire graveleux et excentrique à la sexualité débordante.


A partir d'un Pitch comme celui-ci, surgit l'ennui profond de la comédie de boulevard. Seulement Miller n'a pas choisi son matériau dans le but de restituer la comédie d'antan platounette mais bien d'en secouer le cocotier. "Les Sorcières d'Eastwick" affiche très largement sa condition de divertissement branchée "fesses" et transgressives en tout genre. Un véritable inventaire à la Prévert où Nicholson va s'en donner à coeur joie dans le dialogue gras et la phallocratie. L'incarnation du comédien en diablotin priapique n'a rien de subtile et s'efforce même de cumuler les actes les plus abjectes après avoir séduit les trois héroïnes. A travers le personnage de Van Horn, on y retrouvera le trait du mâle sûr de sa séduction et de sa puissance via les biens matériels ainsi que son envie de multiplier les conquêtes amoureuses. Une attitude qui ne fait que conforter l'homme dans sa condition de dominateur un brin narcissique. Un statut bientôt écorné par la revanche des trois futures sorcières. Toutefois, avant d'en arriver au stade terminale de la vendetta féminine, il faudra passer par la phase de séduction à grands coups de symboles phalliques, de coïts musicaux et d'orgasmes à 2 mètres au dessus de la surface de l'eau (si, si !!) On s'attardera sur la décadence de la bourgeoisie à renfort de cerises consommées puis vomies par la bouche d'une bigote sans oublier les outrages commis dans l'église du quartier. Le tout capturé par le scope superbe de George Miller qui ne s'efface en rien devant cette commande Hollywoodienne et qui au détour d'une scène de ballons roses métaphoriquement orgiaque et d'une cascade automobile burlesque assoit définitivement son incroyable sens de l'espace.


La réussite esthétique de cette guerre des sexes est aussi due au chef opérateur Vilmos Zsigmond (Rencontres du troisième type, John Mc Cabe) grand représentant du Nouvel Hollywood mais aussi grâce à la partition magnifique de John Williams sans oublier le doigté du maquilleur Star Rob Bottin et les SFX de Industrial light and Magic. Tout un staf au service d'un superbe divertissement qu'on troquerait bien contre tous les coincés du cul de cette décennie de puritanisme dominée par le safe sex de "Twilight" et autre "Cinquante nuances de grey".


Rétrospective George Miller
- Happy Feet https://www.senscritique.com/film/Happy_Feet/critique/57388804
- Happy Feet 2 https://www.senscritique.com/film/Happy_Feet_2/critique/68241498

Star-Lord09
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de George Miller

Créée

le 8 déc. 2019

Critique lue 1.3K fois

32 j'aime

15 commentaires

Critique lue 1.3K fois

32
15

D'autres avis sur Les Sorcières d'Eastwick

Les Sorcières d'Eastwick
Ugly
8

3 "sorcières" et un grand méchant "diable"

S'inspirant très librement d'un roman de John Updike, George Miller tourne le dos à Mad Max et signe cette fantasmagorie sensuelle, colorée, débridée plutôt jubilatoire, une comédie au vitriol,...

Par

le 22 juil. 2019

29 j'aime

12

Les Sorcières d'Eastwick
Gand-Alf
8

Desperate housewitches.

Bénéficiant d'une aura bienveillante à Hollywood grâce au succès de son troisième "Mad Max", odeur de sainteté qui n'allait pas tarder à foutre le camp, George Miller adapte ici un roman de John...

le 7 juin 2014

29 j'aime

7

Les Sorcières d'Eastwick
LeTigre
8

Sorcellerie et diablerie intime à Eastwick !

Ayant gagné la confiance d’Hollywood après avoir conquis un large public avec ses Mad Max, le réalisateur George Miller traverse une nouvelle frontière du monde du cinéma, en s’investissant dans un...

le 29 mai 2018

16 j'aime

3

Du même critique

Midnight Special
Star-Lord09
8

ALTON EST LE FILS DE KRYPTON

C'est un critique malheureux qui prend la plume. Malheureux parce que l'orgasme filmique amorcé ne s'est pas produit. Malheureux parce que la promesse de caresser une époque révolue (celle des prods...

le 16 mars 2016

145 j'aime

87

Knight of Cups
Star-Lord09
8

DES DIEUX PARMI LES HOMMES.

Du plus haut des cieux avec "Tree of life" jusqu'au plus profond de l'âme humaine avec "To the wonder", voici venir l'entre-deux "Knight of cups" oeuvre du démiurge Malick. Si la palme d'or de 2011...

le 13 oct. 2015

116 j'aime

49

Youth
Star-Lord09
7

UN COUP D'OEIL DANS LE RETRO.

Youth est un boomerang qui, mal lancé, reviendrait dans la truffe du critique malin d'avoir découvert toutes les thématiques évidentes du dernier Sorrentino. A savoir la sagesse, le recul et surtout...

le 12 sept. 2015

101 j'aime

26