Ma vie cinématographique ressemble à des montagnes russes démoniaques. Mes trois derniers films : Bac Nord, Drive My Car, et cet espèce de machin dont je m’apprête à faire la review.


J’avais rien demandé à la base ! Je rentre de vacances pépère, tout bronzé, le cheveu devenu blond d’avoir tant surfé sur l’onde atlantique et l’œil délavé ne trouvant d’égal à la puissance de sa profondeur que dans l’incroyable fermeté d’un corps d’airain forgé par d’âpres combats contre une nature déchaînée mais finalement domptée.


Je rentre donc, j'allume l'ordinateur et par hasard, je vois que la moyenne des notes des Sorcières d’Akelarre, film dont je n’avais jamais entendu parlé, s’élève à 7,2 ici-même. Damned, me dis-je in petto, car je parle désormais couramment australien, voilà un film qu’il me faut voir !


Je me croyais fort, sans me douter à quel point je demeurais fragile à l’intérieur. Les salles obscures sont des lieux plus violents encore que tous les océans déchaînés du monde. L'expérience de la domination sans partage de toutes ces vagues puissantes et cataclysmiques issues du ventre profond de la mer n'est en réalité d’aucun secours. Je l'avoue humblement, je n’ai pas supporté cette expérience cinématographique.


La réalisation de Pablo Agüero, pour commencer. Ce type connaissait-il le concept de caméra avant de se lancer ? Je veux dire, des images qui bougent à l'intérieur d'un cadre... Il y a ce qu’on appelle une grammaire dans le cinéma. Si je devais traduire en mots sa manière de filmer, ça donnerait à peu près ça :


Homme non barbu mais petit marche dans boulangerie.
- Bonjour, tu peux donne moi baguette ?
- J’ai baguette. Beaucoup. Cuites aussi, bonjour. Cuisson ?
- Cuisson oui. Bonjour.


Incroyable. Je pensais avoir touché le fond avec Alexandre Astier et la laideur délirante de son Kaamelot, mais en fait non, il y avait moyen de faire pire ! Ça part dans tous les sens, par moment, ça m’a donné le mal de mer, à moi, l’ange de l’écume ! Des cadrages trop serrés, tout vibrants, pris depuis des angles aléatoires, puis des contre-champs en plans larges tous moches, puis d’autres plans serrés pris du même coté mais avec un angle différent, puis un contre-champ en fausse opposition, puis un insert débile, etc. etc. etc. Tout ça bien sûr, avec un montage à la tronçonneuse. Enfin non, à la déchiqueteuse en fait. Nan mais sérieux, quelqu’un sait d’où sort ce gugusse ???


Le scénario ensuite. Je vais abréger, d’écrire me fait ressentir d’atroces souffrances post-traumatiques, j’ai des images de nains égorgeant des dauphins qui m’assaillent. Les scènes absolument improbables se succèdent. C’est mal écrit, et forcément surjoué. L’histoire est tellement prévisible, tellement vue mille fois, tellement conne. Tout est tellement exagéré, mal construit, mal dialogué, mal foutu !


Des âmes égarées ont voulu y voir un brûlot féministe. On est en 2021 bordel ! Notre société est complexe, les multiples injustices dont peuvent être victimes les femmes sont autrement plus pernicieuses et subtiles ! En quoi tu abordes la question en montrant des inquisiteurs mâles à moitié tarés persécuter des gamines innocentes ? Quitte à nous prendre pour des débiles, tu pourrais aussi faire un film sur les talibans, pour nous montrer à quel point ils sont très très méchants, des fois qu'on ait pas bien compris. Avec une petite scène de lapidation dedans bien-sûr, qu'on constate que vraiment, ces gens manquent de bienveillance, et qu'ils prennent les notions de vivre ensemble et de tolérance un peu à la légère...


J’ai tellement de choses à dire sur cette immondice, mais je me suis promis, après 28 secondes de ride dans un tube de 4 mètres, de ne jamais passer plus d’un quart d’heure sur une critique. Je suis donc obligé d’arrêter là, par respect pour Poséidon. Si tu veux plus de détails, tu peux toujours écrire un commentaire. J'y répondrai s'il me sort de ma catatonie...

GerardDenfer
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le 1 sept. 2021

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GerardDenfer

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