Dénigrer l’armée française ! Crévindiou ! 18 ans de placard pour la peine.

Il y a des occasions à ne pas manquer. La projection des Sentiers de la gloire de Kubrick sur grand écran en fait partie. La guerre est un des thèmes récurrents chez le réalisateur qui mit en scène la guerre du Viêt Nam (Full Metal jacket), la guerre de Sept ans (Barry Lyndon) et des guerres imaginaires (Fear and Desire et Docteur Folamour). Sans oublier Les Sentiers de la gloire qui se déroule durant la première guerre mondiale. Sorti en 1957, ce petit bijou pointe du doigt les dérives de la guerre et les injustices commises en son nom.


France, 1916, en pleine guerre des tranchées, quelque part sur cette ligne de front immuable, les poilus du 701ème régiment d’infanterie attendent l’ennemi. Mais pour eux, l’ennemi ne sera pas un «Boche» avec son casque à pointe. L’ennemi est dans leur dos, les observe à l’aide de jumelles, prêt à les sacrifier tous, et ce jusqu’au dernier, pour obtenir une nouvelle étoile à accrocher à son uniforme. Cet ennemi a un nom, le général Mireau, qui décide de les envoyer prendre une position imprenable, la fourmilière. Comme bon nombre de ces offensives inutiles et meurtrières, celle-ci se solde par un échec. Les soldats tombent comme des mouches sur le No man’s land, d’autres n’ont pas eu la force (ou ont eu la force qui sait…) de quitter la tranchée, et l’ogre Mireau, à l’abri, enrage, veut voir mourir ces traîtres, ces stupides troufions qui ont osé s’interposer entre lui et son étoile. Il veut faire un exemple et laver son honneur, 100 troufions lui paraissent le minimum. Il n’en aura finalement que 3. En opposition à Mireau et le tribunal militaire, le colonel Dax (interprété par un très bon Kirk Douglas), tente de sauver ses hommes.


Kubrick aime mettre les hommes dans de telles situations de conscience. La guerre est le cadre idéal pour les exprimer. Pour le jeune réalisateur de 29 ans, Les Sentiers de la gloire



n'est en aucun cas un film pour ni contre l'armée. Au maximum, c'est un film contre la guerre.



Mais suite aux pressions gouvernementales, le film ne sera distribué en France, Belgique qu’en 1975 et en 1970 pour la Suisse. 18 ans de censure pour avoir osé s’attaquer à l’armée française.


Ce film est un bel hommage à ces soldats fusillés pour l’exemple durant la guerre. Ces assassinats perpétrés par des bourreaux, hauts gradés de l’armée, marchant sur les cadavres de leurs hommes, à qui l’ont a donné plus tard des noms de rues.

Vincent-Ruozzi
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le 14 févr. 2015

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Vincent Ruozzi

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