Un film frappant sur un système corrompu, qui nous emporte dans ce dédale macabre, et nous claque !

Remarqué lors du festival de Cannes, et notamment avec le prix d'interprétation féminine pour son actrice principale. Ce dernier film d'Ali Abbasi (Border, Shelley) est-il à la hauteur de sa réputation cannoise ?


"Les nuits de Mashhad" est une petite claque ! Une traque macabre, on nous plonge dans un système corrompu, oppressant où règne la violence, tant physique que psychologique.


Le film apporte un soin particulier sur sa réalisation, le réalisateur apporte une attention particulière de nous emporter dans ce tourbillon morbide. Que ce soit avec les scènes de meurtres qui nous étouffent (comme ces victimes), mais aussi pour instaurer une tension constante tout au long du métrage. Une tension qui va peser sur les victimes, sur la journaliste comme sur le spectateur ! Épousant au fur et à mesure du récit le point de vue du tueur-araignée, le film prend toute son ampleur mortifère, à l'image de son antagoniste, et dévoile toute la bestialité du meurtrier, mais aussi la société qui l'entoure ! Certaines scènes marqueront le spectateur, tant la maîtrise visuelle du réalisateur sur son sujet, arrive à capter comme à nous déranger.


Ali Abbasi le sait, il suit un genre où de grands films ont déjà été faits, et tout en s'appuyant sur cet héritage, le réalisateur trouve une force visuelle étonnante en lorgnant du côté du genre voyeuriste, le métrage ne manque pas de nuancer son propos.


En effet, car si visuellement, le film nous marque au fer rouge. Le scénario à aussi une force indiscutable ! Bien plus qu'une simple traque d'un meurtrier et d'une enquête d'une journaliste dans un système patriarcal très traditionnaliste et qui semble aussi corrompu que son "tueur-araignée", le film nous livre un quasi documentaire sur une société meurtrie, une autopsie à cœur ouvert, sur un peuple en manque de repères, à l'image de son antagoniste, et qui serait prêt à absoudre (voire iconiser) un être qui va commettre les pires atrocités. Tantôt, le film s'attarde sur la journaliste Rahimi, qui se bat contre des institutions religieuses et des forces de l'ordres qui semblent se contenter de ramasser ses corps de femmes qui dérangent, car prostitués dans une ville sainte iranienne. Mais au fut et à mesure des massacres, le tueur prend de l'ampleur, tant dans sa folie que le pathétique, galvanisé par une foule qui le met au nu et un souvenir amer d'une guerre passée où il n'aura pas pu être sanctifié.


Et que dire si ce n'est que nous sommes face à des interprètes qui se livrent corps et âme dans leurs personnages. Comme bien évidemment Zar Ebrahimi, qui interprète la journaliste Rahimi qui va mener la traque, mais aussi tenter de sortir de sa condition de femme iranienne, et palme d'or 2022 pour son interprétation, mais également Mehdi Bestajini qui interprète ce tueur fou. Un duo parfait qui nous plaque sur nos sièges !


En conclusion, "Les nuits de Mashhad" est sans aucun doute une des belles claques de cette année ! Une traque infernale, qui nous éprouve jusqu'à son dernier plan. Une histoire déchirante, et un film qui vous marquera sans aucun doute.

Julien_Levallois
8

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Créée

le 17 août 2022

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