Il est dit que Fellini est majeur dans l'histoire du cinéma italien. Quand il n'est pas réalisateur, il est au moins scénariste. Ici, il fait tout. Et la Masina fait le reste.

Comme dans la Strada, Giuletta Masina est l'héroïne du film. Elle fait naître la beauté de la saleté, de la misère, de la dégueulasserie. Dans la Strada, elle est l'innocente au cirque, ici, elle est l'innocente prostituée. Ce n'est certes pas la même. Mais un peu.

Comme dans la Strada, les hommes ne sont pas capables d'aimer bien. Ils aiment leur égo, leur bite, leur virilité, leur pouvoir, mais pas les femmes qui veulent les sauver malgré eux ou qu'eux veulent maltraiter en tout conscience.

Et pourtant, bien sûr, ce n'est pas le même film. Fellini nous montre une femme, qui, envers et contre tout veut croire en des jours meilleurs. Elle veut faire confiance à l'homme, à ceux qui lui promettent une autre vie. Oui, elle est en colère, car elle va malgré tout de déception en déception. Voire pire. Le film nous montrera trois hommes. Et la Vierge.

Aucun ne méritera tout l'amour qu'elle a à donner.

Cabiria / Masina est décidément une actrice énorme, alors que je ne la connaissais pas il y a 2 mois. Elle porte le film de son exubérance, de sa passion, de ses yeux grands yeux expressifs de toutes les émotions.

Fellini, lui, après avoir scénarisé pour d'autres la misère noire et désespérée, scénarise et filme la misère noire mais d'où l'espoir peut quand même naître. Fellini croit en l'être humain. En réalité, il croit en la femme. Elle seule sortira l'homme de l'ornière. Et pourtant, il ne veut visiblement en sortir.

Après la triologie de la guerre de Rossellini, suite de tragédies implacables dont il fut scénariste, les films de Fellini, inspirés du néo-réalisme, proposent un geste de plus : la poésie, l'espoir, la fleur qui éclot alors qu'elle a les racines dans la merde.

John-Peltier
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le 4 avr. 2024

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