Noctam-bulles

Entre thriller fantastique et comédie noire, "Les morsures de l'aube" est un film fourre-tout plutôt raté, mais qui a le mérite - à titre purement personnel - de réveiller la nostalgie de mes vingt ans, à l'image de titres aussi divers que "Le pacte des loups", "99 francs" ou "Amélie Poulain".

Pour son premier passage derrière la caméra, le trublion télévisuel Antoine de Caunes décide d'adapter le roman éponyme de Tonino Benacquista, avec l'aide de son co-scénariste Laurent Chalumeau, qui choisit de raboter la première partie du livre, tout en restant globalement fidèle à ses péripéties.
Après une brève présentation, on retrouve donc nos deux héros peu de temps avant leur quête centrale, consistant à retrouver Violaine et Jordan, le mystérieux duo à l'allure gothique au cœur de l'intrigue.

De fait, le début du film se révèle plutôt agréable, à la découverte de la faune des nuits parisiennes, autour d'un tandem attachant composé de Gérard Lanvin et d'un Guillaume Canet tout jeunot.
Certes, l'humour n'est pas très fin (la séquence avec José Garcia et le karaoku), mais le rythme est entraînant et on remarque deux-trois bonnes idées, bien dans l'air du temps de ce début de millénaire.
Et puis la réalisation dégage un certain charme, avec ses couleurs blafardes, ses néons, et sa photo classieuse qui évoquent les vidéoclips de cette époque.

Hélas, le scénario se met à patauger dangereusement, et le film fait du surplace durant sa deuxième moitié. Même l'épisode avec les chiens de combat se trouve un peu gâché par le cabotinage outrancier d'un Gilbert Melki affublé de dreadlocks.
Cerise moisie sur le gâteau rance, le dénouement complètement naze achève de nous laisser sur une mauvaise impression.

A l'heure du bilan, "Les morsures de l'aube" a donc peu d'atouts à faire valoir : son originalité dans le paysage français, son aspect divertissement assumé, quitte à bouffer à tous les râteliers, et puis la présence caliente de la sulfureuse Asia Argento, dont je ne suis hélas pas le plus grand fan.

De Caunes propose un spectacle commercial dans l'air du temps, trop inégal pour convaincre et surtout trop vide de sens pour ne pas laisser un goût amer (pourquoi et comment devient-on noctambule, le film n'approfondir jamais la question).