Quand Marchal s'attaque à une histoire vraie.

Il n’a fallu que très peu de films à Olivier Marchal pour se faire un nom dans le cinéma. Ou plutôt un seul ! En effet, cet ancien flic plutôt connu à l’époque comme étant un acteur / scénariste de la série Le commissaire Moulin, nous livrait il y a quelques années le splendide 36 Quai des Orfèvres. Une réputation toute tracée qui, malheureusement, ternit avec le travaillé mais fort ennuyeux MR 73. Cette fois-ci, Marchal nous revient avec Les Lyonnais, long-métrage contant l’histoire de ce célèbre gang français.

Avant de commencer à nous plonger dans le film, faisons un petit rappel historique ! Le fameux gang des Lyonnais n’était autre qu’une bande de braqueurs organisés qui sévit dans la région lyonnaise (logique !) et après dans tout le pays, entre 1967 et 1977. Un gang qui pouvait se vanter de n’avoir jamais eu du sang sur les mains (du moins, pour les braquages que l’on peut leur attribuer). Une équipe à laquelle s’est joint Edmond ‘Monmon’ Vidal, personnage emblématique de cette dernière au point que le film s’y intéresse pleinement (sa vie, son ascendance...), entraînant ce cher Olivier Marchal à rencontrer cette figure criminelle pour les besoins de son projet (participation de Vidal au scénario).

Est-ce pour que Les Lyonnais peut se présenter comme un biopic ? Difficile à dire, tant le film, scénaristiquement, veut faire un mélange entre réalité et fiction. Et en étant pas vraiment original pour un sous (Les Lyonnais semble flirter par moment avec les grands clichés du film de mafieux, comme cette ouverture sur une fête de famille digne du Parrain ou du Grand Pardon), Marchal a bien du mal à nous aire croire en la crédibilité de ces faits. De plus, Les Lyonnais raconte son histoire de manière assez lourde. À savoir narrer les faits présents (Vidal qui organise l’évasion et la disparition publique de son vieil ami Serge Suttel, avec de lourds secrets qui vont voir le jour), le tout parsemé de flash-backs énervants qui reviennent sur le passé des deux hommes au sein du gang des Lyonnais. Pourquoi faire un effet de montage qui gâche le rythme du film alors que tout montrer dans l’ordre chronologique pouvait éviter au spectateur de décrocher ? Au final, Les Lyonnais peut être vu comme une version policière de La Môme (au niveau de la narration et du montage, j’entends bien !).

Un paragraphe plutôt assassin mais qui ne faut pas prendre en compte pour l’intégralité du film. En effet, si la narration se veut complexe alors que plus simple aurait amplement suffi, Les Lyonnais possède bon nombre d’atouts. À commencer par des personnages très bien écrits, rendus attachants et émouvants lors de séquences peu enjouées (dont la révélation de ses secrets cités plus haut, lors du final). Des scènes et dialogues bien pensés qui dévoilent la très grande complicité qui unit les personnages et donc les acteurs.

Bah tenez, parlons-en des acteurs ! Olivier Marchal, comme pour 36 Quai des Orfèvres (qui réunissait Daniel Auteuil, Gérard Depardieu, André Dussollier et Roschdy Zem), s’offre ici une distribution de prestige ! Avec, pour commencer, un Gérard Lanvin (Edmond Vittal) ténébreux et renfermé sur lui-même, jouant de sobriété pour faire ressortir tout les caractères mystérieux de son personnage. Et puis Tchéky Karyo (Serge Suttel) à ne pas oublier ! Pour la petite anecdote, Marchal voulait Bernard Giraudeau pour se rôle, histoire de réunir le tandem que l’acteur formait avec Lanvin dans Les Spécialistes. Malheureusement, le comédien décéda quelques temps avant le film. Une lourde perte. Mais cela n’a pas empêcher le projet de se concrétiser, et d’offrir à Karyo l’un de ses meilleurs rôles ! Autre atout de cette distribution : le casting de la partie des 70’s ! Entièrement constitué de comédiens peu connus du grand public (dont Dimitri Storoge et Olivier Chantreau) qui interprètent nos héros étant jeunes, en quasi adéquation avec le jeu d’acteur de leurs « homologues plus âgés ».

Autre qualité, la mise en scène ! Si Olivier Marchal n’installe pas une ambiance pesante comme dans ses précédents films, elle s’en retrouve pourtant prenante niveau musical (pas de musique quand il faut, une petite montée symphonique de tant à autres pour la puissance de la scène...). Et puis, le réalisateur sait comment manier une caméra afin d’obtenir le résultat obtenu : une certaine énergie lors d’une séquence de fusillade, un rythme pesant lors de retrouvailles nostalgiques autour d’une table... Il n’y a pas à dire, Les Lyonnais est un film travaillé !

Mais il faut bien l’avouer, nous sommes encore très loin de la merveille qu’était 36 Quai des Orfèvres. Qu’importe ! Les Lyonnais se montre bien mieux maîtrisé et plus accrocheur que MR 73. Prouvant ainsi qu’Olivier Marchal reste l’un des maîtres du film policier français (si ce n’est LE maître actuel) alors que bon nombre de prétendants naissent chaque année sans jamais trouvé leur place auprès du public (À l’aveugle, Nuit blanche, La Proie...).

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