Un nanar assez réjouissant de Michel Gérard, porté par des comédiens familiers dont les trognes sont synonymes d'une poilade popu des années 70 qui sent bon le camembert.


Une histoire de trois truands déguisés en ecclésiastiques qui s'introduisent chez un cureton qui vit tranquillement avec sa bonne et sa nièce afin de voler une relique.


Le prêtre en question est joué par Paul Préboist, dont le comique lent et lunaire fait qu'il n'a jamais pu porter une comédie sur ses seules épaules. Ici ce n'est pas un problème car le film laisse une belle part aux autres interprètes. Sa prestation est donc tout à fait honorable, il est très drôle. Il fait partie de ces acteurs qui portent en eux une poésie, un univers, qui provoquent l'intérêt dès qu'ils apparaissent dans un film, y compris les pires.


C'est aussi le cas des trois gangsters déguisés en ecclésiastiques, Michel Galabru, Jacques Balutin et Philippe Clay. Trois comédiens exceptionnels issus des planches. Chacun d'entre eux s'en donne à cœur joie dans son numéro personnel de cabotin, mention spéciale à Galabru qui se déchaîne dans l'effarement. Ils s'acquittent merveilleusement de leur tache: combler le vide abyssal de l'objet.


On ne peut pas toujours en dire autant de Sapritch, qui est facilement lourde et peu inventive, malgré un talent certain qui a besoin d'être rodé pour créer un comique efficace (cf "La folie des grandeurs"). Ici elle parvient tout de même à être un peu drôle, grâce au rôle de bonne de curé frustrée sexuellement qu'on lui a confié (aurait elle inspirée Annie Cordy ?). Années 70, libération des mœurs, combat entre générations, tout ça. On lui fait aussi chanter des chansons lamentables et on lui colle une romance bien délirante avec Philippe Clay. "De la belle ouvrage", si j'ose m'exprimer ainsi.


Jeannette Batti passe aussi dire bonjour.


Et que dire du couple de jeunes, Vincent Gauthier (coscénariste) et Rachel Cathoud ? Ils s'éclatent, sont dynamiques. Peut-être que ce film a été le ticket d'entrée du premier (neveu par alliance de Sapritch) pour jouer chez Rohmer et Chabrol ?


Gauthier et Gérard ont écrit du vide, des gags qui trainent en longueur, des scènes qui ne servent à rien, le scénar' de film comique navrant quoi. Visuellement on flatte le client, on privilégie le mauvais goût de l'époque. Et ce n'est pas en vain puisque le film s'est rentabilisé (887 550 entrées). Ce n'est pas un triomphe mais pour une production de cet acabit c'est honorable, suffisamment pour remettre le couvert avec la même équipe deux ans plus tard.

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le 23 déc. 2020

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