Mortel, très très mortel

Dans la série "prenons la mythologie, secouons la très fort et crachons dedans pour faire mousser", voici un opus assez étrange.
Je m'attendais à une sorte de "Légende d'Hercules" (avec Kellan Lutz, d'illustre mémoire) et, si sur le principe c'est pareil, on prend les noms et on fait n'importe quoi avec, le ton est très différent.

En fait, je ne sais pas trop quoi penser de ce film. Je suis en panne d'opinion.
C'est juste bof. Ce n'est pas un film ignoble et irregardable (passé le viol de la mythologie) mais d'un autre côté l'ennui gagne très rapidement.

Ici donc, Thésée est un bâtard vivant à flanc de falaise (WTF?) issu d'un viol et pas un fils de roi trahit. Ok, pourquoi pas, je me suis dit qu'il s'appelait Thésée par hasard et que c'était une autre histoire. Et on peut croire à cette théorie quasiment durant tout le film, presque jusqu'aux dernières 5 minutes.
Thésée est formé par un vieux sage

Arrive Hyperion et son armée sanguinaire qui veut détruire les dieux et le monde en réveillant les Titans.
Thésée rencontre également Phèdre, une jeune oracle, qui voit en lui l'espoir de l’humanité contre la folie d'Hypérion.

Dit comme ça, et mis à part les noms qui sonnent familiers, rien à voir avec la choucroute.
Certes Thésée et Phèdre sont bien les personnages et l'OTP du mythe d'origine (enfin pas à ce moment là de la vie de Thésée, mais passons) et du film mais cet Hypérion n'est personne (c'est un personnage de la guerre de Troie, donc rien à voir).
Et pourtant, pourtant, au bout du compte, ce sera bien LE Thésée (ami, si tu tentes l'aventure, je te laisse la joie de découvrir comment et pourquoi) sinon

La fin aurait pu être émouvante ou même intéressante mais elle pédale dans l'incohérence la plus totale et semble maladroitement tenter de préparer une suite, mais je n'en suis pas sure. Encore une fois, le film reste dans une zone grise.

Côté réalisation on retrouve les dadas de Tarsem Singh avec les couleurs ocres et les formes torturées. Visuellement le film ne manque pas d'intérêt et c'est ce qui l'empêche de tomber dans le peplum navet un peu cheap. Singh a manifestement une vision et crée un univers cohérent avec lui même. Un petit bémol avec le monde des dieux qui en fait un peu trop dans le doré clinquant et tenues ridicules.
Côté scénario si on fait abstraction des mythes qu'il pille à droite et à gauche, ça tient la route également. Les motivations d'Hypérion, bien qu'exagérées, se tiennent, celles de Thésée aussi et son évolution n'est pas trop mal gérée. Même Phèdre ne manque pas d'intérêt même si elle saute au lit avec Thésée un peu rapidement vu les conséquences drastiques de cet acte (d'un autre côté, Henri Cavill …...). Par contre, les dialogues sont pauvres, mais pauvres.
Malheureusement, le film manque de rythme et sombre dans le pontifiant avant une dernière bataille un peu brouillonne à la "300".

En effet, "Immortels" semble être fait de bric et de broc, de morceaux pris par ci par là au gré des besoins et manque d'identité pour arriver à faire oublier le nawak total.

Côté casting c’est plutôt bon aussi ou pas trop mauvais non plus (je ne sais pas).
Thésée est interprété par le magnifique Henri Cavill qui est d'un charisme quasi divin dès qu'il tombe la tunique. Il semble jouer au minimum tout de même. Il est bien, on ne peut pas dire le contraire mais comme le reste c'est moyen.
Celui qui semble s'éclater comme une bête c'est Mickey Rourke en Hypérion sanguinaire. Sa tenue et surtout son casque sont ridicules mais il assume et tente d'insuffler à son personnage plus que de la colère.
Stephen Dorff est le voleur sans foi ni loi qui suit le héros pour finir par en devenir un lui-même et ma foi il est très bien.
John Hurt est le vieux mentor plein de sagesse et fournit le minimum syndical.
Le reste du casting fait le job et les dieux sont bien gérés avec un style un peu ampoulé qui fonctionne.

Bref tout ça est moyen. Pas si mauvais que ça et donc peu réjouissant comme peut l'être un navet mais pas bon non plus.
Il est donc oubliable, très oubliable.