Plus c'est gros mieux ça passe ...

Alors là je suis colère ! C’est quoi cette nouvelle mode du cinéma français qui consiste à venir chouiner sans arrêt ? Je dis chouiner parce que c’est vraiment le mot, ce film est en décalage total avec la réalité et il s’en moque complètement, il fait sa tambouille en espérant que le spectateur soit, excusez moi, assez con pour se laisser berner par cette foutue esbroufe, j’en ai juste marre de ces films qui traitent de sujets sociaux aussi maladroitement et réalisés par des gens qui n’ont aucun talent et qui ne savent même pas délivrer correctement un message, ce truc est raté de A à Z.

Marie-Castille Mention-Schaar adapte une soi-disant histoire vraie, celle d’une classe de seconde de banlieue parisienne à laquelle on va exposer le thème de la Shoah, leur prof d’histoire va les inscrire au Concours de la Résistance et de la Déportation pour les confronter au passé douloureux des victimes et leur faire prendre conscience des dérives extrémistes.
Bien évidemment on fait très vite le parallèle avec la vague d’antisémitisme et/ou d’islamophobe qui déferle sur le pays depuis quelques temps, le projet de base n’est d’ailleurs pas si mauvais car possiblement éducatif, mais encore faudrait-il qu’il soit un minimum maitrisé pour ne pas dévier, car ici on veut réellement nous tirer par le bras pour nous faire rentrer dans le crâne que la laïcité est un principe républicain inaltérable et que si tu n'y adhère pas tu va avoir des p'tits soucis (hein Rachid(a) ?), il suffit de voir l’intro avec la jeune femme qui ne veut pas ôter son foulard dans le lycée, ça commence fort, et l’excès de didactique énerve déjà au plus haut point, en 2 minutes on sait déjà que le film est loupé, c’est je crois un record. Bien évidemment la classe est remplie de racailles insupportables jouées par des acteurs qui le sont tout autant (Stéphane Bak putain …), et l’éventail des personnages parait trop cliché pour être vrai sans déconner, le français de souche qui se converti à l’islam, le muslim et la juive qui fricotent ensemble, le garçon introverti qui n’ouvrira la bouche que pour dire un truc qui va calmer tout le monde, etc, ça sonne beaucoup trop faux et c’est agaçant. La mise en scène est catastrophique, je n’espère pas que la réalisatrice ai voulu s’inspirer de Entre les murs parce que c’est un échec complet, on est à des années lumière là, de plus il n’y a aucun soucis d’écriture ni même un soupçon de sincérité, Ariane Ascaride qui joue la professeur semble d’ailleurs bien seule a vouloir orchestrer tout ça.

On enfonce des portes ouvertes à tout va, les jeunes muslims prennent la mouche en voyant des caricatures de Mahomet, des élèves qui se moquent outrancièrement de l’autorité, les débats crédules sur la Shoah qui dérivent sur le conflit israélo-palestinien, et en fait tout est calibré pour montrer une évolution, de partir d’une classe de petits cons je-m’en-foutistes et communautaristes à des personnes civilisés et bien éduqués, parce que le passé des victimes de la seconde guerre et ce devoir de mémoire sont tellement impératifs pour le jeune vous comprenez bien … pfff c’est limite scandaleusement bête et facile, l’apprentissage de la déportation fait de nous des citoyens donc, ah ah. Sans compter que le film use d’artifices dégoulinants, genre je te colle des gros plans et de la musique attendrissante pour te forcer à t’émouvoir, le public est-il si docile franchement ? Je prends par exemple la scène où un ancien déporté rencontre les élèves, elle résume complètement les intentions vicieuses de la réalisatrice, plutôt que d’écouter son témoignage, on est diverti par le choix que prend le cadre, c’est à dire beaucoup de contrechamps sur les yeux de nos fragiles lycéens qui n’arrivent à retenir leurs larmes, ce qui fait qu’on n’écoute plus le discours, nous sommes sentimentalement pris en otage, au secours ! Surtout qu'on n'y croit pas du tout, ce genre de sur-émotion tellement visible fout limite mal à l'aise, niveau sincérité c'est au delà du cinquième sous-sol. Et lors de ce concours devinez qui est le mouton noir ? Je vous le donne en mille : l’intégriste musulman, paf ! Dégage le barbu tu n’as point ta place dans notre belle république faite de tolérance et d’amour, va te raser et met un fute ! Bon je caricature à peine mais c’est tout à fait le message envoyé, ça use de propagandes malicieusement collés dans une trame bien huilée pour la populace, ça passe crème.

Je crois bien que ce film est totalement à côté de ses pompes, se servant d’un fait réel (qui doit très certainement être bien plus nuancé que cela) pour mettre en lumière une vision républicaine exaspérante sur des valeurs qui n’existent pas et qui je pense ne se feront jamais par l’apprentissage du devoir de mémoire de la Shoah, c’est d’ailleurs toute la connerie du système éducatif qui est résumée en 1h45, la seule chose qu'on apprend c'est qu'on nous prend pour des jambons (ni halal ni casher, je veux pas m'attirer de problèmes) !