Film de filles fait par des filles, mais pas que pour les filles, les Gazelles surfe clairement sur l’inventivité et l’audace des programmes courts qui font les beaux jours des chaînes de télévision depuis quelques années (un peu d’Un gars une fille, beaucoup de Bref, Connasse, Dans la bouche…). Le film en a l’efficacité, la liberté de ton, l’autodérision, jusqu’à l’urgence qui se traduit par une réalisation clipée qui ne laisse la place à aucun temps mort. Cet humour se dissout étonnamment bien dans le format long, évitant l’écueil du film à sketchs pour atteindre une remarquable homogénéité, une cohérence dans le scénario et surtout une vitalité dans les dialogues rafraîchissante. Pour renforcer cette belle énergie, la réalisatrice a choisi de rythmer sa chronique générationnelle d’une musique électro très réussie et totalement à propos.
Derrière l’apparente légèreté des situations, le Gazelles croque remarquablement le nouvel état d’esprit de cette génération à la trentaine bien tassée, coincée entre une envie de liberté et la crainte du temps qui passe et la peur de finir seul ou avec la mauvaise personne. Mélange de futilité et de gravité, le film ne porte pas de jugement sur ses personnages, formidablement bien écrits, mais fait le constat de leur situation, de leur volonté de faire avec, de la gérer le moins mal possible, de tenter de ne pas se laisser abattre. Les Gazelles capte l’air du temps comme rarement et croque cette génération un peu paumée qui répond à de nouveaux codes sociétaux qui peuvent en dérouter certains. Et enchaine les scènes mémorables de beuveries, de dragues éhontées, les dimanches de déprime, accumule les répliques qui tuent, qui nous arrivent sans prévenir, petite régalade devenue si rare dans la comédie française. Que c’est agréable d’être surpris !
Cerise sur le gâteau, l’interprétation frôle l’excellence. On est bluffé par ces actrices, criantes de vérité qui donneraient presque au film une dimension de docu-réalité ! Et on est ravi d’y retrouver la fascinante Audrey Fleurot, qui confirme de film en film que le cinéma français ne pourra bientôt plus se passer d’elle.
Les Gazelles fait souffler un vent de fraîcheur culottée et de nouveauté parfaitement réjouissant. Hilarantes et piquantes, quel plaisir d’avoir fait leur connaissance.
Refill !!
Thibault_du_Verne
7

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2014

Créée

le 29 nov. 2014

Critique lue 584 fois

2 j'aime

Critique lue 584 fois

2

D'autres avis sur Les Gazelles

Les Gazelles
Grard-Rocher
5

Critique de Les Gazelles par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ils s'entendent rudement bien Marie et Éric, ils ont la trentaine et se fréquentent depuis le lycée. Leur liaison est si solide qu'ils décident d'acheter ensemble un appartement. Le bel amour va...

16 j'aime

10

Les Gazelles
aldanjack
7

qui n'a jamais envisagé de tout plaquer ?

Une affiche teintée de rose et 5 filles sur l'affiche : La cible est clairement identifiée : les femmes. L'héroïne se lance dans la grande aventure du célibat, une expérience avec des hauts et des...

le 12 mars 2014

12 j'aime

Les Gazelles
Philippe_Delaco
6

Gazelle au fond de la nuit... (Aragon)

Elle achète un appart' avec son compagnon. On apprend qu'elle le connait depuis le lycée. Ça l'angoisse, elle ne le supporte plus (je vois beaucoup de film sur les relations amoureuses qui s'étiolent...

le 28 mars 2014

11 j'aime

2

Du même critique

Ma Loute
Thibault_du_Verne
3

MA LOUTE – 6/20

Autant le dire d’emblée, Ma Loute m’est passé complétement au-dessus. Comédie burlesque, voir grotesque, empreinte d’une excentricité peu commune, le film de Bruno Dumont est si singulier qu’il ne...

le 23 mai 2016

42 j'aime

7

The Strangers
Thibault_du_Verne
4

THE STRANGERS – 8/20

Le mélange des genres est un exercice assez courant dans le cinéma sud-coréen (on se rappelle de l’ovni The Host de Joon-ho Bong), ce n’est pas ce qui étonne le plus à propos de The Strangers. On ne...

le 27 juil. 2016

38 j'aime

En attendant Bojangles
Thibault_du_Verne
6

Cinéma | EN ATTENDANT BOJANGLES – 13/20

Tombé sous le charme de cette fantasque histoire d’amour à la lecture du roman d’Olivier Bourdeaut, j’étais curieux de découvrir quelle adaptation Regis Roinsard allait en tirer, lui qui a prouvé...

le 22 janv. 2022

26 j'aime