Un paradoxe malheureux sous-tend Les Gardiennes : comment peut-on représenter de telles travailleuses, contraintes de remplacer le père, le mari et le fils aux champs et dans les tâches quotidiennes, avec une telle léthargie formelle ? Voilà un film figé qui confond le contemplatif et le statique, force ses actrices et ses acteurs à réciter des textes trop écrits et mal écrits : un réquisitoire contre la guerre, un plaidoyer pour la réconciliation entre deux peuples similaires, une lettre que l’on lit péniblement en voix off… Tout cela est d’une lourdeur sans nom, chargé d’illusions rétrospectives et d’un moralisme à peine déguisé. Il n’y a rien à vivre, rien à ressentir, sinon la photographie signée Caroline Champetier rappelant, par instants, les grands tableaux champêtres des siècles passés, et un soin apporté aux décors (Yann Mégard). Les comédiens souffrent de coiffes trop lourdes, de vêtements trop serrés, de rides fausses et de cheveux blanchis en studio. La reconstitution, nous ne voyons que ça. Le pire étant la partition musicale signée Michel Legrand, en décalage total avec les images et les séquences qu’elle doit habiller. En voulant rendre hommage aux femmes pendant la Première Guerre mondiale, Xavier Beauvois nous assomme, semble reproduire la recette de son précédent succès, Des Hommes et des dieux, sans se rendre compte que son sujet a entre-temps changé.

Créée

le 18 oct. 2020

Critique lue 326 fois

3 j'aime

Critique lue 326 fois

3

D'autres avis sur Les Gardiennes

Les Gardiennes
Christoblog
9

La féminité dans tous ses états

Quel film moderne ! Bien sûr, certains se gausseront de cette introduction et s'étonneront : "Est-ce moderne de prendre son temps pour filmer les travaux des champs ?" Et bla bla bla sur les champs...

le 5 déc. 2017

13 j'aime

2

Les Gardiennes
AnneSchneider
8

Gardiennes, pour le meilleur et pour le pire...

Le silence. Allant voir un film qui se déroule sur fond de Première Guerre Mondiale, le spectateur s’attend à ce que le champ de bataille soit évoqué, classiquement, par le fracas des combats et des...

le 11 janv. 2018

12 j'aime

9

Les Gardiennes
JulienMast
4

Un film pesant et soporifique...

L'ambiance du film est très pesante, les lenteurs permettent de souligner l'aspect tragique du film et l'envie qu'ont les femmes de travailler sans rechigner pour oublier les malheurs de la guerre...

le 6 déc. 2017

9 j'aime

1

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14