Franchement excellent, tout en suggestion. Au vu des sujets traités c'est assez exceptionnel. Traiter de l'alcoolisme, de la misère sociale, économique et amoureuse sans tomber dans le misérabilisme c'est assez stupéfiant. Pas d'interminables digressions didactiques sur les licenciements abusifs, le syndicalisme ou l'alcoolisme. C'est présent, on le voit mais rien n'est surligné, ce qui permet de conserver une certaine tendresse et de continuer tout au long de l'histoire à s'attacher aux personnages.
Sans dialogue ou presque, la mise en scène minimaliste est incroyable, remplie de couleurs ternes et de décors désespérés, avec des touches jaune, orange et rouge sur les personnages, et dit tout de l'ambiance du film. Un jeu temporel également très malin avec un calendrier affichant 2024, des décors des années 60/70 et des nouvelles de la guerre en Ukraine tout au long du film. Un cadre temporel impossible à précisément situer qui permet au réalisateur d'évoquer la permanence de cet état délabré des conditions de vie des prolétaires finlandais, habitants pourtant d'un pays parmi les plus riches au monde. Une manière de dire que rien ne change, et que rien n'est prêt de changer. En tout cas pour ceux-là.
L'actrice est absolument exceptionnelle : triste et miséreuse la plupart du temps et, alors même que ses costumes et les décors dans lesquels elle évolue ne change pas, devient soudainement magnifiquement incandescente lorsque l'espoir apparaît dans ses yeux. Des scènes musicales absolument folles, dans des bars lugubres, presque morbides mais finalement assez réconfortants.
Une vraie touche d'humour enfin, un peu pathos certes, mais marrant et qui ne vient pas nuire à la vie des personnages.