Vous n'allez pas me croire... "Les espions" est un film qui parle... d'espions. 
32 ans avant 007 (version pellicule), il y avait 326. 
Dire que l'ami Fritz a énormément inventé tient de la tarte à la crème, non pas que ce soit faux, bien au contraire, mais parce que cela a été dit maintes et maintes fois. 

En l'occurrence, dans le genre "film d'espion", on peut dire que les bases du genre sont posées. 
C'est à la fois fun (les premières minutes, à base d'un montage, de cadrages et d'incrustations démoniaques de modernité), nébuleux (qui veut voler un contrat à qui et pour quelles raisons ? On s'en tape un peu, seul compte le méchant...) et très alerte (on ne s'ennuie pas une seconde, ça saute de rebondissement en rebondissement). 

Au delà de ces premières considérations, déjà lues par ailleurs, que peut-on, que DOIT-ON retenir de ce film magnifique et esthétique ?

Une restauration de l'image absolument sublime, tant on a l'impression de découvrir un film muet tourné la veille. Les teintes sont stables, l'image sans scories, la photographie impeccable. Du grand grand beau boulot. 

Certains personnages et acteurs sont non seulement affublés d'une gueule dantesques (Willy Frisch, aussi charismatique en clochard qu'en smoking !!) mais jouent d'une manière jubilatoires. Certains plans suintent d'un érotisme incandescent d'une manière à peine dissimulée (lorsque Kitty  -Lien Deyers, houlala!- s'amourache faussement de l'ambassadeur japonais, aie aie aie !). 

Et enfin, un élément qui me rend l'ami Fritz diablement sympathique, surtout par les temps qui courent, c'est la profession du grand méchant.
Il est banquier. 
En soit, rien d'extraordinaire, si ce n'est que le cas se présente encore dans son film suivant, l'admirable "femme sur la lune". On sait que les scénarii de ces deux films ont été adaptés de romans écrits par sa compagne du moment Thea Von Harbou. On sait aussi ce que deviendra cette dame au moment de l'arrivée des nazis au pouvoir (ce qui entraînera leur rupture). 
Toujours est-il que le choix de cette profession pour illustrer l'esprit malfaisant du bad-guy des années 20 me semble assez jouissif quand je le regarde près de 85 ans après. 

La preuve que beaucoup de chose se trouvent déjà dans ce film, c'est qu'on peut trouver des filiations dans quantités d'oeuvres. Y trouver la matrice des futurs James Bond n'en est pas une des moindres. Ajouter qu'une proportion inestimable de réalisateurs parmi les plus célèbres ont puisé dans cette période inépuisable de la carrière de Lang ne contribueront, je l'espère, qu'à une chose: vous convaincre définitivement, si vous aviez encore le moindre doute, que de plonger dans 2h24 de film muet datant de 1928 est tout sauf une épreuve. C'est une offrande, faite à votre esprit et à vos sens, une pierre supplémentaire dans l'édification de votre bonheur intime. 
guyness

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