Les Charlots ont cartonné dans la première moitié des années 70, chacun de leur film enregistrant des scores assez hallucinants de plusieurs millions d’entrées au box-office. Mais alors que la seconde moitié des seventies voit ce nombre d’entrées diminuer au fur et à mesure que leurs films sortent et que la qualité de ces derniers diminue avec, les années 80 sonnent le glas du quatuor, puis trio, comique le plus célèbre de la comédie française. Alors je ne vous referai pas le topo sur mon amour pour Les Charlots, je m’en suis déjà occupé dans mes textes sur certains de leurs premiers films, mais parmi ces films qui commencent la chute vertigineuse de Gérard et ses potes, il y a Les Charlots Contre Dracula. Ce 12ème film de la bande est un bon gros nanar à la française, un film objectivement mauvais mais pour lequel j’éprouve énormément de sympathie. Sans doute à cause de la nostalgie qui parle, les multiples visionnages durant ma tendre enfance avec mon frère y étant pour quelque chose. Mais non, je n’arrive pas à détester ce film, je l’aime même beaucoup.


Seul film de leur filmographie écrit par eux, enfin, réécrit après avoir été en désaccord avec le scénario original qui leur avait été proposé, Les Charlots contre Dracula vont donc nous compter les mésaventures tarabiscotées des Charlots contre… Dracula. Oui, le titre n’est clairement pas mensonger. Sauf que bien entendu, Les Charlots vont ici s’amuser à pasticher le film de vampire, tout en lui rendant hommage. La scène des cercueils dans la cave du château avec les noms de Christopher Lee et Bela Lugosi, deux acteurs ayant interprété par le passé le personnage de Dracula, en est l’exemple même. Malheureusement pour eux, la sauce n’a pas pris auprès du public et avec ses 555878 entrées, Les Charlots Contre Dracula s’offre le deuxième pire score au box-office pour la bande (le pire étant Le Retour des Charlots en 1992 et ses 15883 entrées). Les comédies françaises avaient changé et les pitreries de nos bougres en roue libre ne faisaient plus recette. Pourtant, on ne peut pas dire que le film est avare en gags en tout genre, souvent bon enfant, parfois bien lourdingues, d’autres fois plus fins, misant aussi bien sur le comique de situation que sur des dialogues nonsensiques. Clairement, Les Charlots Contre Dracula n’est pas tout le temps drôle. Enfin, il l’est car certaines blagues fonctionnent encore grâce à leur côté parfois inattendu ou tout simplement parce que ce sont de vrais bons gags. Mais d’autres fois, on rigole car le spectacle qui nous est proposé est navrant, même gênant, et on se marre à ses dépens, comme on le ferait sur un bon gros nanar. L’absurde et la crétinerie y sont souvent poussés à l’extrême, comme c’est souvent le cas avec eux, et on se demande parfois comment il a été possible de pondre certaines scènes sans avoir abusé de petites pilules et autre fumette magique.


Mais pourtant, on (en tout cas moi c’est le cas) prend plaisir à regarder cette bobine improbable car, une fois de plus, la bonne humeur des Charlots se ressent à chaque seconde. Ils s’amusent comme des petits fous, et ça déteint sur le spectateur qui, bien entendu, doit avoir un minimum d’atomes crochus avec eux. Même les seconds rôles s’en donnent à cœur joie, sans jamais avoir peur du ridicule, que ce soit un très bon Gérard Jugnot, qui malheureusement disparait quasi intégralement de la seconde moitié du film, l’excellent Andreas Voustinas qui livre une prestation absolument savoureuse en Dracula, ou bien Vincent Martin fendard en serviteur dévoué et déluré. Au milieu de tous ces pitres, la jeune Amélie Prévost semble un peu effacée, alors que son personnage est le moteur des personnages et de l’histoire. Mais on sent quand même que Les Charlots Contre Dracula est un film un peu bâtard, la fin complètement expédiée est sans doute due à la réécriture du scénario qui s’est faite en catastrophe, à la va-vite, juste avant le tournage, certaines scènes semblent s’étirer en longueur (le repas par exemple) bien que les gags, réussis ou ratés, fassent passer la pilule, et, de manière générale, on sent quand même bien moins d’entrain dans la deuxième moitié que dans la première. Comme s’ils savaient que leurs efforts, pourtant bel et bien là, parfois à grand renforts d’effets spéciaux (très spéciaux) seraient vains et que leur chute était inévitable. Mais moi je l’aime bien, qu’importe l’avis général souvent très critique envers le film (et, de toute manière, envers Les Charlots de manière générale). Et puis le thème du film fait partie des meilleurs qu’ils ont composés, et ça, c’est un argument de poids mes amis !


A mi-chemin entre le nanar et le plaisir régressif empli de nostalgie, Les Charlots Contre Dracula aura toujours ma sympathie malgré un humour souvent lourdingue. Les amateurs des Charlots y trouveront leur compte quoi qu’il en soit.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-les-charlots-contre-dracula-de-jean-pierre-desagnat-1980/

cherycok
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le 20 oct. 2022

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