Les Bureaux de Dieu par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le: 7 mai 2014

.

La tâche est ardue pour les conseillères des "Bureaux de Dieu" ! Ces lieux sont le refuge au sein duquel des adolescentes et des femmes viennent conter leur embarras, leur désespoir face aux problèmes et aux interrogations qu'elles se posent au regard de la contraception et de l'avortement. Chacune à son propre souci, son propre drame personnel ou familial à confier. Elles attendent une solution, une parole rassurante ou le conseil qui pourra atténuer le poids qu'elles portent dans leur conscience et dans leur cœur.
Des lois ont été mises en vigueur pour donner à la femme la liberté de maîtriser son propre corps mais cela suffit t-il?
Les religions, la fierté masculine, l'ignorance de l'utilisation des moyens contraceptifs comme l'ignorance des fonctions du corps féminin sont des obstacles très durs à franchir. Que ce soit Zoé ou Nadine,Clémence ou Hélène, Adeline ou Margot, Angela ou AnaMaria, chacune pour diverses raisons n'ont plus que le recours du "Planning Familial" pour espérer une vie plus sereine.
Devant ce flot d'appels au secours, dès la première heure et jusqu'à très tard le soir les conseillères et le médecin du Planning se relayent, écoutent ces femmes et instaurent un véritable dialogue pour tenter de trouver un remède.

En ces lieux, à longueur de journée, un personnel dévoué et compatissant lutte de toute ses forces afin d'essayer de briser cette barrière qui empêche beaucoup de femmes de pouvoir enfin profiter de la totale liberté de leur corps au delà de tous les tabous qui se dressent devant elles. La jeune fille qui se doit de cacher la plaquette de pilule sur le dessus de la boîte aux lettres, l'ado qui avoue à sa mère avoir des rapports avec un garçon et se fait traiter de putain, la trentenaire qui pour sa situation personnelle et professionnelle ne se voit pas élever un troisième enfant mais aussi le garçon impatient qui désire savoir sur le champs si sa future femme est vierge: voici en partie à quoi est confronté le personnel.
Les entretiens intégristes s'enchaînent à un rythme soutenu tandis que d'autres situations se font jour tel que le dilemme de cette femme se trouvant au cœur d'un conflit mari-amant et croyant trouver ici la solution de reconnaissance de paternité de son futur enfant ou le cas pathétique de cette prostituée bulgare enceinte pour la troisième fois du même homme et ne sachant pas si elle le reverra un jour.
Dans" les "Bureaux de Dieu" beaucoup de femmes ont honte d'elles et se culpabilisent. Heureusement dans cet endroit refuge bien des questions sont posées, bien des confessions se font, bien des angoisses s'estompent, bien des drames se dénouent, en fait bien des cœurs et des consciences repartent soulagés.

C'est un film d'une force inouïe qu'a réalisé Claire Simon. En usant d'un style mêlant fiction et documentaire, la réalisatrice s'est servie d'entretiens véridiques pour faire passer un message. Ce message est clair: beaucoup de jeunes filles et beaucoup de femmes vivent leur sexualité avec difficulté. Elles subissent le diktat d'une certaine société dans laquelle les religions embourbées dans des principes"moraux" tentent d'imposer leur loi. Elles se heurtent aux pressions culturelles familiales, au point que cette merveilleuse attribution, la procréation, pesant comme une menace sur leur liberté sexuelle, devient un calvaire.
Pour parvenir à traiter ce sujet avec efficacité, Claire Simon a cru bon de faire participer dans son film des comédiens de renom et là l'essai est transformé. On ne peut que féliciter et remercier Nathalie Baye, Anne Alvaro, Michel Boujenah, Isabelle Carré, Béatrice Dalle, Nicole Garcia, Marie Laforêt, Rachida Brakni, Emmanuel Mouret, Lolita Chammah et Marceline Loridan-Ivens d'avoir participé à cette cause.


Toutes ces actrices et acteurs se fondent dans ce flot de problématiques féminines en interprétant leur rôle avec beaucoup d'humilité et de persuasion. Pour toutes ces raisons, il est bon de voir cette œuvre très forte afin de mieux appréhender toute l'utilité de ces "Bureaux de Dieu" qui doivent être à tout prix protégés par nos dirigeants et continuer à se développer.

C'est tout de même avec optimisme que j'ai vécu ce film qui nous montre que des étudiants sont prêts à apporter, malgré des pressions certaines, leur concours au "Planning Familial" en temps que stagiaires. De plus voir de jeunes adolescentes assister à un cours fort bien mené sur la sexualité et la contraception c'est se dire que ces quelques jeunes filles seront un peu plus armées pour affronter une vie de femme qui n'est pas toujours rose. Claire Simon apporte là avec ses acteurs une louable contribution afin que les femmes n'aient plus jamais à rougir ou à pleurer suite à leurs décisions les plus intimes.

.

Ma note: 8/10

.

Box-Office France: 108.650 entrées

Créée

le 16 janv. 2024

Critique lue 1K fois

35 j'aime

22 commentaires

Critique lue 1K fois

35
22

D'autres avis sur Les Bureaux de Dieu

Les Bureaux de Dieu
Aurea
7

Pour bien aimer

Je me suis laissé traîner et entraîner (ah quand on est amoureuse ! ) à voir en avant-première et en présence de Claire Simon son film Les Bureaux de Dieu. A priori cette histoire de Planning...

le 12 déc. 2011

14 j'aime

12

Les Bureaux de Dieu
Lycaonne
7

Critique de Les Bureaux de Dieu par Lycaonne

Une vision je pense très proche de la réalité. Entre reportage et fiction, le film nous transporte dans ce monde d'entraides, de doutes, de peur, de soulagement et d'espoir. A l'heure actuelle, où la...

le 7 juin 2014

5 j'aime

1

Les Bureaux de Dieu
Andy-Capet
4

Rien de plus que des matricules, des usines à chair qui défilent

Parce que le sujet est d'une importance capitale dans la perspective de l'émancipation de toutes les femmes et qu'il est d'intérêt public, il est important d'aborder et travailler une forme idoine...

le 18 mars 2013

5 j'aime

3

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

156 j'aime

47