♪♫♪ Femmes Je Vous Aide ♪♫♪

Les Bureaux de Dieu est un film de Claire Simon qui résulte d'une hybridation bizarre entre fiction et documentaire. Si durant plusieurs années la réalisatrice s'est immergée dans le quotidien du planning familiale c'était pour en tirer des histoires, des récits, des échanges et des témoignages qu'elle a choisit de retranscrire dans une forme plus fictionnelle avec des actrices confirmées qui jouent les conseillères et qui donnent la répliques à des inconnues. Le fiction prend donc ici racine dans le réel pour mettre en lumière le quotidien d'un bureau du planning familiale à Paris.

Le planning familiale est cette endroit ou principalement des femmes viennent se confier sur des problèmes liés à la sexualité, la contraception, les grosses désirées ou non et les méthode d'avortement. Loin de toutes pressions morales, religieuses, familiales, sociales, amoureuses ou professionnelles des femmes de tous horizons et de tous âges viennent trouver une écoute bienveillante et une parole rassurante sans la moindre notion de jugement.

Le film de Claire Simon est difficile à juger en toute objectivité, il est à la fois touchant et nécessaire presque autant qu'il s'avère sur certains points anecdotique et agaçant par moments. La plupart des problèmes viennent de cette forme semi documentaire qui enferme le film dans une sorte de redondance de scènes voulant brasser un maximum de sujet tout en évitant soigneusement les plus délicats. Les échanges entre ces jeunes femmes et les comédiennes qui incarnent leurs conseillères sonnent toujours juste mais en voulant presque s’effacer face au sujet de son film Claire Simon tombe dans une monotonie de mise en scène et de plans séquences qui n'aide pas sur la longueur à s'investir pleinement dans le cœur du sujet. Et si l'on sent une volonté claire et affirmée de montrer que toutes ces questions des femmes à disposer pleinement de leurs corps et leur sexualité touchent toutes les origines sociales, culturels et tous les ages, il faudra chercher du regard sur les dossiers en arrière plan pour constater que les sujets les plus graves (Viols, Inceste, Violence conjugales, VIH ...) se sont retrouvés écartés d'un film voulant j'imagine rester globalement assez positif. Bien sûr cela n'empêche pas le film de nous offrir quelques séquences assez émouvantes avec des femmes totalement perdues face à des choix de vie difficiles à prendre et assumer au regard de la société. Après au risque de choquer et de sembler un poil insensible je trouve que cette mécanique d'accumulation de témoignages finirait presque annihiler l'ensemble de toute l'émotion qu'elle devrait porter. On aimerait parfois suivre ces femmes un peu plus longtemps pour les accompagner plutôt que de zapper de l'une à l'autre dans une routine de NEXT perpétuel qui laisse peu de temps à l'attachement.

Assez bizarrement je crois que les moments du film qui m'auront le plus touché et ému reste ceux qui se glissent entre les interlignes des entretiens, des instants de pure fiction et de comédie (au sens jeu du mot) qui montrent les respirations de ses femmes confrontées chaque jour à la détresse des autres. Isabelle Carré qui danse et fait des claquette sur le bruyant parquet d'un couloir, Nathalie Baye et Michel Boujenah qui échangent un pudique dialogue sur leur statut de grands parents, une clope fumée sur un balcon pour reprendre l'air ou Anne Alvaro qui semble retarder son départ des bureaux de peur de louper un dernier appel de détresse dans la nuit. Le casting est d'ailleurs assez formidables avec en plus des noms déjà cités des actrices que l'on imagine totalement impliqués dans le projet comme Rachida Brakni, Lolita Chammah, Nicole Garcia, Marie Laforêt et Béatrice Dalle malheureusement pas assez présente à l'écran à mon goût.

Les Bureaux de Dieu est un film généreux et sensible qui aborde de manière un peu bancal à mon sens le sujet important de la pleine liberté des femmes à connaître et disposer de leurs corps. Le genre de proposition dont le sujet contraint un peu la retenue dans la sévérité critique. Même si le film de Claire Simon ne m'a pas autant touché que je l'espérais il reste un film à défendre et promouvoir.