Comment définir un tel film ? Tellement de sujets abordés. Relation entre un enfant et son père, monde apocalyptique, danger omniprésent, nature toute puissante, combat contre la maladie, etc.... Ce film est d'une richesse infinie, ce qui fait que je ne sais pas par quoi commencer.


Attaquons par le plus évident. Le cœur du film, j'ai nommé Hushpuppy, petite fille très mature de 8 ans. Le personnage est le centre de tout. tout est arrangé pour elle. Toutes les caméras subjectives que l'on a, c'est son point de vue. L'exemple le plus marquant est le moment ou l'on voit qu'elle visualise le tonnerre par l'effondrement des glaces. Ce moment où l'on finit de comprendre que le film est fait pour elle, que c'est sa vie que l'on conte.


Car ce film est un conte devant lequel on s'émerveille et on s'émeut. Le côté fantastique est ici représenté par les aurochs et leur force naturelle, mainte fois répétée par Hushpuppy comme un prévention. La nature est omniprésente et le hasard a voulu que je voie ce film un jour après avoir vu Mud de Jeff Nichols, autre film avec une nature très présente. Mais au contraire du film de nichols, la nature apparaît ici comme implacable, comme étant sans pitié. Et pourtant cette relation qu'entretiennent les personnages avec la nature est vitale. Car même si elle apparaît violente et mortelle, elle est aussi là pour subvenir aux besoins de toutes ces personnes. Le paradoxe est grand.
Benh Zeitlin semble être un réalisateur qui se pose beaucoup de questions sur l'avenir de son monde. Outre donc les ouragans et l'élevage, il s'attaque au réchauffement climatique à travers seulement quelques petites scènes : celle de l'interprétation du tonnerre par Hushpuppy, et bien sur celle qui provoque le réveil des aurochs, le plus grand danger.
Mais ce qui reste le plus présent dans le film, ça reste cette relation particulière qu'entretient Hushpuppy avec son père Wink. Une relation qui atteint son paroxysme lors de la scène "I'm the man !!". Cette scène est fabuleuse puisqu'elle comporte tout : il y a l'émotion, le jeu entre les deux (récurrent le long du film) et bien sur la maladie de Wink qui rappelle la dure réalité, même lors de moments privilégiés avec son enfant. Cette maladie qui va le ronger petit à petit et qui va malheureusement le conduire à la mort. Mais ce que Zeitlin en fait c'est grand. Il l'utilise pour exploiter la relation père/fille au maximum. Et bordel, que c'est beau. Hushpuppy qui veut l'aider, qui est triste, mais Wink reste fier et ne veut surtout pas que sa fille pleure. Et cette relation qui nous fait pleurer lors de cette ultime scène symbolisant l'alchimie parfaite qui existe entre les deux acteurs.


Et quel jeu d'acteur ! Ils sont tellement dans leurs rôles, tellement dans leurs personnages qu'on a presque une impression documentaire à certains moments. Quvenzahné Wallis a beaucoup fait parler d'elle, et à juste titre tant elle est impressionnante, mais n'oublions pas Dwight Henry. Il fallait une fabuleuse actrice pour Hushpuppy, mais il fallait un acteur monstre pour Wink. Et ce boulanger de métier (!!) est vraiment habité et absolument extraordinaire. Sans Wink, Hushpuppy n'est rien et ne peut exister. Et par conséquence, le film n'existerait pas. Car Wink fait vivre Hushpuppy. Sans lui, elle n'est rien, et sans elle le film ne peut se faire. Tout ça pour dire qu'il y a certains acteurs (et actrices) professionnels qui devraient prendre exemples sur ces personnes.


Si je devais lui donner un défaut ce serait l'utilisation de la caméra. Benh Zeitlin sera un très grand réalisateur. On le voit, il a des idées géniales niveau cadrage et mise en scène. Mais la caméra épaule pendant 1h30, c'est risqué. Et ici je trouve ça bien gros pour l'histoire. Certains plans auraient pu se faire en caméra fixe. Mais c'est un choix de mise en scène, tout mettre à niveau de l'héroïne, faire ressortir l'instabilité du monde dans laquelle vivent les personnages....


Bref, j'ai pris une méga claque (1 jour après Mud, ça en fait beaucoup en peu de temps quand même) et je ne demande qu'à le revoir. Et je pense que ce qu'il faut retenir après tout c'est que :
Once there was a Hushpuppy, and she lived in the Bathtub with her daddy.

Strangelove
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Créée

le 12 mai 2013

Modifiée

le 14 mai 2013

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