Officiellement, Les Aristochats est le tout dernier dessin animé auquel aurait participé Walt Disney (dans le sens où il valida le projet et fît acte de présence lors d'une réunion de travail) mais si l'on doit se fier à l'ordre de sortie, alors ce titre revient à Les Aventures de Winnie l'Ourson, distribué pourtant 11 ans après la mort du Papa de Mickey. Et ceci pour la bonne raison qu'il est à ce jour le seul long-métrage des studios légendaires à avoir récupéré des histoires préfabriquées pour les assembler, seules ses transitions et sa conclusion étant inédites.


Walt Disney avait en effet refusé de créer un film de plus d'une heure sur le héros de Alan Alexander Milne, l'ours en peluche n'étant pas assez connu aux États-Unis et le concept pouvant rapidement s'épuiser. De plus, le maître venait de subir les foudres de la critique anglaise pour avoir soi-disant déformer Alice au Pays des Merveilles. Un tel revers de fortune ne devait plus se reproduire. Le format du moyen-métrage est donc adopté.


Le premier sera Winnie l'Ourson et L'Arbre à Miel en 1966, pris en charge par des habitués du studio comme Wolfgang Reitherman à la réalisation et les immenses Frères Sherman pour les compositions musicales. Il possède sans nul doute le meilleur des trois scénarii tant il combine merveilleusement poésie et simplicité, présentant le nounours jaune comme l'être le plus ingénu qui soit, s'attirant des problèmes soit par ses vilains défauts soit par des aléas. Jouant avec enthousiasme avec les traits de caractères de ses personnages (l'impatience de Coco Lapin, la morosité de Bourriquet), rires et attendrissement s'enchaînent sans pause.


Winnie l'Ourson dans le Vent verra le jour en 1968 avec la même équipe aux commandes, l'argent commençant à rentrer dans les caisses de plus en plus vite. Outre le fait qu'il expose de nouveaux visages connus du bouquin, ce petit récit mérite surtout le coup d’œil pour la séquence cauchemardesque des Éfélants et des Nouïfes. Si elle n'est pas sans rappeler les hallucinations de Dumbo, sa chanson presque psychédélique la singularise de son modèle. Les gags inventifs (le narrateur avançant les pages pour échapper au long discours de Maître Hibou) et la douceur de l'ensemble sont encore au rendez-vous.


Enfin, la troisième mini-histoire, mise en scène cette fois-ci par John Lounsbery en 1974, se centrera sur ce qui est rapidement devenu le personnage préféré des enfants dans l'univers de la franchise, Tigrou, le tigre bondissant dont le refrain figure parmi les mélodies les plus guillerettes des compositeurs. Si le plaisir est toujours là, Winnie l'Ourson et le Tigre Fou est plus prévisible et standardisé, il laisse moins ses héros respirer, vivre au jour le jour pour davantage insister sur sa morale ce qui le rend moins intéressant.


Car le Winnie l'Ourson voulu par Walt Disney n'est pas enchaîné à une structure, il demande à ce qu'on le suive dans son quotidien, de le voir comme un enfant l'imaginerait, constamment en quête d'un bon miel et empreint de naïveté. À cela peuvent s'ajouter des choix de narration aussi créatifs qu'amusants dans la lecture du livre et quelques modifications par rapport à l'oeuvre d'origine qui se sont avérées payantes.


Les Aventures de Winnie l'Ourson va ouvrir la vanne à un flot d'exploitations sur tous les supports qui va confirmer la popularité incroyable de son personnage-titre, devenant progressivement une des plus grandes icônes de The Walt Disney Company. Mais le succès de cette licence masquera le Classique de 1977 à force de tirer sur la corde, en a résulté un grand nombre de gens n'ayant jamais prêté attention aux premières histoires du plus mignon des ours en peluche. Il n'est pas trop tard s'y replonger, qu'on soit un enfant ou un adulte.

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le 12 mars 2018

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Walter-Mouse

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