Un Tintin seulement à moitié réussi
Le pari était très risqué. Il n'est tenu qu'à demi, tant du point de vue de la forme, de la construction de la narration, que du fond.
Pour la forme d'abord, la 3D est forcément bien réalisée, voire techniquement époustouflante (on n'en attend pas moins d'un film de Spielberg). Pourtant, autant le seul exemple véritablement réussi d' "Avatar" était parvenu à créer un ensemble totalement convainquant (y compris en passant de la prise de vue réelle à l'image de synthèse), autant ici la 3D créée une impression de mélange de genres. C'est surtout net du fait que le réalisateur a trop hésité entre l'option de faire des personnages assez "réalistes", à commencer par Tintin, ou de conserver leur caractère "BD", comme le capitaine Haddock ou les Duponts.
En ce qui concerne la narration, le rythme est vif et soutenu à souhait, avec des rebondissements qui ne laissent pas le spectateur s'ennuyer, mais puisque l'histoire n'est pas suivie à la lettre loin de là (j'accepte tout à fait que Spielberg prenne des libertés avec les albums en mélangeant Licorne, Crabe aux pince d'or, Castafiore....), le script aurait mérité une meilleure progression, plutôt que de faire revenir les personnages à leur quasi point de départ. En plus on est parfois dans l'allusion lourde (si vous n'avez pas compris au bout de la quatrième fois qu'on vous le dit que les parchemins se superposent...).
Sur le fond, on peut regretter que le scénario n'ait pas su sortir l'histoire du premier degré. Il y a généralement chez Hergé une profondeur, soit via une magie poétique (Temple du Soleil, Boules de Cristal...), soit vers le politique (Lotus Bleu, Ottokar...). Ici, on est vraiment dans l'aventure très basique. C'est même décevant quand on pense qu'Indiana Jones (à qui on pense beaucoup pendant ce film) avait su jouer sur cette dimension "magique" (arche, pierres indiennes sacrées, graal, crânes de cristal...).