En ce film, je voyais enfin une possibilité de critiquer en bien. Hélas.

Déjà la première image m’a alerté: en effet, y était écrit «Walt Disney Pictures». Bonjour, histoire calibrée, sentiments patriotiques et divertissement familial (je te hais).

Pourtant, encore une fois, virtuellement tout y était. Un bon super-héros, qu’on pouvait exploiter efficacement, si par exemple plus de temps était accordé à la construction du personnage principal, fade et transparent sans ça (un comble). Un méchant qui serait opposable au héros, par exemple en ayant le même jetpack que le Rocketeer; j’aurais adoré voir deux mecs avec des fusées s’affronter dans les airs! Mais bon, là, quoique excellemment interprété par Timothy Dalton, c’est un minable narcissique secondé par un tueur atteint d’acromégalie. Une histoire moins alambiquée pour rien serait également souhaitable, car ici un nombre incalculable d’événements se passe en une journée, ce qui semble fortement artificiel et réduit l’immersion.

Le casting est fait de têtes connues. Timothy Dalton dans le rôle de l’acteur à la recherche du jetpack ayant par le sort échu au héros est impressionnant, c’est le meilleur élément du film. Meilleur même que Jennifer Connelly, pour laquelle j’ai à l’origine vu ce film; mais celle-ci n’est pas loin derrière, car, heureusement, elle ne joue pas une simple demoiselle en détresse, son caractère possède plusieurs facettes et subtilités, et son personnage est bien exploité. Dans le rôle prestigieux (même si minimaliste et d’ordre douteux quand on voit les scènes finales) du célèbre Howard Hughes, j’ai eu beaucoup de plaisir de voir Terry O’Quinn, la classe. Et d’autres, croisés ici ou là sans que je sache leur nom, quoique j’ai bien ri en voyant Ed Lauter dans un rôle d’agent du FBI (il était détective dans Le Contrat et dans Death Wish 3, et, à en croire sa filmographie, dans au moins 10 autres films).

Le déroulement de l’histoire est un peu plat néanmoins. La première scène laissait présager une tension et pourquoi pas des scènes d’action dans la bonne tradition de l’époque—en vain.

De plus, je n’ai éprouvé aucune sympathie pour les personnages ou quasiment (Jennifer Connelly et Timothy Dalton font exception). Ce «Rocketeer» fait partie des films où le méchant plaît davantage et sa victoire ne m’aurait pas dérangé plus que ça.

Les scènes alternent le bon et le ridicule. Les scènes d’action ou à effets spéciaux sont assez mal orchestrées (dans le Captain America du même Jon Johnson par exemple, c’est beaucoup mieux); les effets spéciaux eux-mêmes sont mauvais, à base d’incrustations trop évidentes. J’avoue néanmoins que la scène finale avec le dirigeable et son prélude sont un joyeux bordel, et m’ont été agréables à contempler. M’enfin, jusqu’à un degré, car mon plaisir a été gâché par une monstrueuse incohérence, estampillée film grand public: l’énorme svastika sur la queue du dirigeable éclairée par un projecteur: oh non, les spectateurs ne sauront pas que le dirigeable est bien nazi parce que c’est dit, mettons donc un signe intrusif (comme si l’amour sans manifestations matérielles n’était pas l’amour). À ce moment j’ai dû mettre en pause, me couvrir le visage et gémir fort.

Avant de finir, concernant le principe du déplacement dans les airs: il est juste nul. On tourne à gauche ou à droite en tournant la tête, car sur l’arrière du casque il y a une sorte de gouvernail. C’est sûr, ya pas mieux quand on veut regarder autour, à la recherche d’éventuels obstacles, surtout au vu des minuscules trous pour les yeux et de la vitesse. Aussi, quand les héros ont dans les mains le jetpack, il semble ne rien peser, je ne pense réellement pas que ce serait le cas. Je ne sais pas non plus comment le cul et les jambes résistent au jet de flammes du jetpack (le combustible est l’alcool).

Bref, je ne recommande pas vraiment ce film, même si Timothy Dalton et Jennifer Connelly y apportent une touche de grâce. +1 pour eux.
Owen_Flawers
4
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le 6 sept. 2013

Critique lue 812 fois

4 j'aime

Owen_Flawers

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