Les Araignées de la nuit par pierrick_D_

Les candidats à l'élection présidentielle sont assassinés les uns après les autres par une mystérieuse organisation criminelle dont les membres ont une araignée tatouée sur le poignet.L'inspecteur Gordone enquête,et non,ce n'est pas Cédric Villani le chef des assassins.Le problème de Jean-Pierre Mocky était d'être un boulimique de tournages qui ne pouvait s'empêcher de faire au moins un film par an,même s'il n'avait ni argent ni inspiration,et c'est le cas ici comme ce le fut trop souvent durant sa longue carrière.Le voici donc producteur,réalisateur,monteur,scénariste et dialoguiste,en duo avec André Ruellan pour ces deux derniers postes.Et tant qu'à faire,ainsi qu'il était de rigueur quand il fallait vraiment économiser,il tient le rôle principal,sa compagne Patricia Barzyk étant la vedette féminine.Autour d'eux ont été rameutés pas mal d'acteurs fidèles du cinéaste,des troisièmes couteaux hasardeux pour la plupart qui se voient propulsés seconds rôles.Ce film est une honte absolue,surtout venant d'un réalisateur ayant auparavant dirigé des dizaines d'oeuvres dont certaines sont excellentes.Là,Mocky livre un travail indigne d'un amateur.On a l'impression qu'un camé ramassé Porte de La Chapelle pas redescendu de son dernier shoot ou un ivrogne bourré recruté au fond d'un bistrot auraient fait aussi bien pour peu qu'on leur ait filé une caméra.JPM prétend faire un thriller mais vu qu'il n'y a dans "Les araignées de la nuit" aucun rythme,aucune tension ni la moindre once de réalisme dans l'expression de la violence,qu'elle soit physique ou mentale,ça n'y ressemble guère.D'ailleurs ça ne ressemble à rien,rien en tout cas qui s'approche du cinéma.Toutes les scènes sont foirées de A à Z,à tout point de vue.En l'absence de pognon,Mocky n'a pu donner aucune crédibilité à un film où des décors envisageables et de la figuration en nombre auraient été nécessaires et on sent que ça a dû être bâclé en une semaine,l'atroce nullité de l'interprétation confirmant qu'il n'y a probablement eu ni répétitions ni deuxièmes prises.On imagine d'ici JP en train de beugler "Moteur!" à tout bout de champ pour aller plus vite.Le commissariat est une sorte d'open space déserté pour cause de non-paiement du loyer,les politiciens de haut niveau ne bénéficient d'aucune protection et les comédiens sont en total mistcast.Dominique Zardi ,affublé d'une moumoute ridicule,en candidat à la présidentielle ou Jean Abeillé en préfet de police,c'est aussi facile à avaler que de présenter le laboratoire de Wuhan comme une fermette bio.Les deux stars ne sont pas en reste dans la fausseté,rarement a-t-on entendu des dialogues aussi mal dits.Si Patricia sauve les meubles grâce à son physique avantageux,le pauvre Jean-Pierre,bien trop vieux pour avoir l'air d'un flic,rame désespérément.En bonus,Mocky a eu la lumineuse idée de greffer dans le bordel ambiant une dimension romcom,genre screwball comedy du bon vieux temps.Barzyk et lui se tournent autour,s'allument,se disputent,et on sait comment ça finira.Certes,mais les interprètes sont tellement à côté de la plaque qu'ils ne collent jamais aux intentions des scènes.On les voit se mettre à brutalement s'engueuler copieusement alors que rien dans le dialogue ne le justifie,et leurs chamailleries sont totalement artificielles.Vu que décidément tout doit être raté,on a droit à une scène complètement space où Gordone assomme un collègue ripou en portant le coup à deux mètres de la tronche du mec,avec un brillant enchaînement qui voit François Toumarkine jouer la perte de connaissance la plus naze qu'on ait vue sur un écran.Même la scène de baiser entre Mocky et Barzyk est à la masse,et pourtant c'est un truc qu'ils auraient pu réussir vu leur proximité dans la vraie vie.Là,ils loupent largement leurs bouches,Mocky étant sans doute en train de surveiller son cadreur en même temps qu'il embrasse Patricia.Scénaristiquement parlant,la catastrophe est à la hauteur du reste.On voit bien ce que les auteurs ont voulu exprimer,et on est d'accord avec leur vision.Dénoncer la pourriture,l'hypocrisie,la connivence du milieu politique est très sain,mais le faire de manière aussi stupide et puérile est carrément contre-productif.Mocky et Ruellan semblent avoir torché leur script en dix minutes un soir de biture,on dirait "Politique et criminalité vues par les enfants de dix ans",genre "lé politik il son trai maichan é cé dé vilin".Cette absurde guignolade prive le film de toute efficacité et rend le personnel politique sinon sympathique,au moins inoffensif.La partie policière est résolument débile,au point qu'on se dit que ce n'est pas possible,qu'il va y avoir un twist à la fin,que la solution ne peut pas être aussi bête et prévisible.Hélas si.Notons les petites saillies humoristiques finement disséminées que Mocky affectionne tant.Les noms des candidats par exemple:Dupond,Durand,Dubois,Dufer et.....Dugland!Avec ça,on voit tout de suite le niveau,on sait déjà où on est tombé,assez bas en l'occurrence.La photo d'Edmond Richard est sans relief mais la musique de Martial Murray,pour une fois c'est pas Vladimir Cosma,est plutôt bonne,c'est toujours ça de pris.Outre Zardi,Abeillé et Toumarkine,dont le personnage s'appelle Stobac,comme le Michel du même nom qui bizarrement n'est pas de la fête,on retrouve beaucoup d'habitués des mockeries comme Michel Bertay,Françoise Michaud,Hervé Pauchon,Rodolphe Pauly,Ludovic Schoendoerffer et Nadia Vasil,plus Jackie Berroyer qui parvient à être invraisemblablement bon le temps d'une minuscule apparition.