C’est en 1997 que fut révélé au monde le jeune étalon prometteur qu’était la saga Wizarding World avec le premier livre Harry Potter à l’école des sorciers. Par la suite cet étalon a su faire ses preuves au gré des suites du premier opus et des adaptations cinématographiques de la saga littéraire, ce ne fut jamais le plus bel étalon, ni le plus atypique mais une chose certaine est qu’il était une valeur sûre et avait eu le mérite de terminer son honorable carrière au sommet de sa gloire.
Cependant l’écurie Warner ne semblait pas l’entendre de cette oreille (et sa cavalière J.K. Rowling non plus d’ailleurs), en effet il est toujours dur de se séparer d’une star qui déchaine les passions et rapporte de quoi remplir la banque de Gringotts. Il a donc été décidé de le faire sortir de sa retraite et de le faire concourir pour une nouvelle saga, Les Animaux fantastiques. Si cela pouvait susciter la crainte le premier opus sorti en 2016 s’est finalement révélé être une bonne surprise. On y découvre un univers enchanteur magnifié par une bande original sublime, le personnage principal est des plus attachant, on explore une nouvelle facette du monde de la magie (autre époque, autre lieu, on quitte pleinement le cadre scolaire…) et le tout sans trop se reposer sur la saga de jeunesse de cet étalon. Bref j’étais conquis et finalement je me disais qu’il en avait encore sous le sabot et qu’on allait encore rêver pendant 2 films…

Puis vint Les Crimes de Grindelwald et avec lui l’annonce qu’on n’aurait pas une trilogie mais bien cinq films. Et là c’est la douche froide ! Cette dernière course de 2016 semblait avoir été celle de trop et en 2018 nous retrouvâmes un étalon bien moribond. Devant cet état de fait ma première réaction a été le déni, essayant de me persuader que j’avais aimé le film. Puis vint la colère, dirigée contre J.K. Rowling qui n’avait pas été à la hauteur, contre la Warner qui avait étiré la saga sur cinq films, contre moi-même pour avoir été dupe. Ensuite vint le temps du marchandage, je me disais qu’une version longue viendrait corriger les problèmes de montages du film (notez qu’une version longue est bien sortie mais je ne l’ai toujours pas vu et pas sûr de vouloir la voir) que sa suite serait probablement meilleure et que ce n’était qu’une erreur de parcours. Ensuite plutôt que de la dépression c’est de la déception que j’ai ressenti, une part du mythe que s’était forgé l’univers de Harry Potter c’était brisé en moi, la saga de mon adolescence n’était finalement pas immunisée à l’échec et l’acceptation de cette réalité fu la fin de mon parcours avec ce film malade, racontant à la fois trop et pas assez, boursouflé de fan-service et au montage chaotique.

Alors dans ce cas pourquoi aller voir le troisième opus ? Eh bien pour constater le décès et après une longue agonie je confirme que c’est l’encéphalogramme plat pour Les Secrets de Dumbledore, plus une once de vie ni de magie, il ne subsiste que la vacuité d’une saga rendant son dernier souffle avec un film dénué de tout intérêt. Plus rien n’a de sens, plus rien n’a d’ampleur, les 2h22 de ce film sont passées devant moi laissant la même impression qu’une journée pluvieuse et monotone ne me stimulant à aucun moment et ne suscitant aucune autre émotion qu’un profond désintérêt pour tout ce qui défilait devant mes yeux. Les causes sont nombreuses mais une se démarque parmi les autres et il s’agit de l’écriture désastreuse de J.K. Rowling (cette fois-ci assistée de Steve Kloves, scénariste de sept des huit films Harry Potter mais cela ne semble pas avoir aidé). Elle confirme encore une fois qu’être une bonne romancière ne suffit pas à être une bonne scénariste (à croire que le premier Animaux fantastiques était un coup de chance).

Il est peut-être temps de vous prévenir que je ne vais pas faire attention à éviter de divulgâcher le film… Si tant est qu’il y ait quelque chose à gâcher dans ce film.

Au sein même de l’écriture les problèmes sont multiples. Pour commencer il y a ceux hérités du/des films précédents de la saga. Le monde de la magie des années 30 fait toujours plus moderne que celui décrit dans la saga Harry Potter (qui se passe à la fin des année 90 tout de même !), c’est flagrant quant on fait attention aux costumes (pas seulement un problème d’écriture donc). Ensuite il y a la cohérence de l’univers qui part toujours plus en lambeaux avec des règles mal définies ou qui se contredisent d’un film à l’autre, par exemple Croyance qui peut utiliser une baguette alors qu’un obscurial nait lorsqu’un sorcier renonce à sa magie (surtout que ce n’est même pas un truc du genre il accepte finalement sa magie donc ça fait disparaitre l’obscurus puisqu’il a encore ses pouvoir d’obscurial dans ce film). Ajoutez à cela des nouveau pouvoir qui s’il existent auraient complètement dû être utilisé dans les autres films, parce qu’il va falloir m’expliquer depuis quand les sorciers ont la capacité de se battre dans une sorte de dimension parallèle, c’est sûr c’est bien pratique pour faire de la grosse bagarre sans se soucier du fait de faire attention aux moldus mais ça n’a aucun sens. Enfin l’éternel problème de cette saga c’est qu’elle essaie de raconter deux histoires en même temps. Si le premier film arrivait bien à nous raconter l’histoire de Norbert Dragonneau jeune magie-zoologiste partant à la poursuite de ses créatures perdues et s’ouvrant petit à petit au monde avec en toile de fond l’histoire de Croyance (liée aux animaux fantastiques par l’Obscurus qui en est un) et de Grindelwald ses suites elles ne saurons jamais comment allier correctement ces deux intrigues. Les deux films suivants ont l’ambition de vouloir raconter l’histoire tragique de Dumbledore et Grindelwald en associant le tout aux animaux fantastiques mais ceux-ci semblent bien avoir de la peine à s’intégrer dans une histoire se voulant sombre et sérieuse de lutte entre deux anciens amants et de monté du fascisme et il en va de même pour les personnages phares du premier film qui semblent ne pas avoir leur place dans ces suites.

Ici les personnages ne semblent faire qu’acte de présence, rien de plus. Ils se contentent d’accomplir les quêtes annexes d’une mission foireuse avant d’accomplir la mission finale de la plus décevante des manières, ils ne sont que des fonctions au service d’un scénario sans queue ni tête. Il ne se dégage rien d’eux, ils n’ont aucun parcours ou alors un trop superficiel. Par exemple la romance entre les ennemis jurés que sont Dumbledore et Grindelwald est sur le papier hyper intéressante mais elle n’est jamais explorée en profondeur elle est juste évoquée et c’est loin de suffire. Norbert Dragonneau n’est là que pour justifier la présence des animaux fantastiques (j’y reviendrai à ça) mais en soit il n’a rien à faire là, celui qui devrait être le protagoniste de cette histoire c’est clairement Dumbledore le film entier le hurle jusque dans son titre (d’ailleurs à ce sujet c’est quoi du coup les fameux secrets de Dumbledore ?). Jacob est ramené dans cette histoire de façon complètement débile « oui on a besoin de toi parce que ton cœur est pur » non mais on est où là ?! On peut faire plus niai s’il vous plait ? Quiny de son côté avait rejoint Grindelwald dans le film précédent (de manière bien trop précipitée) et le quitte sans que tout ceci n’ait eu le moindre impacte, ça n’a servie à rien. Dans le même registre mais en pire on a le personnage de Yusuf qui rejoint Grindelwald pour l’espionner, on nous met le doute sur son camp et à la fin il est bien gentil, tout ça n’a servi à rien et son personnage n’a absolument rien fait ou accompli de tout le film. Il se fait même effacer les souvenir de Leta Lestrange sans que cela ne semble impacter le personnage d’une quelconque manière… En fait le personnage semble dénué de toute évolution et de toute émotion durant tout le métrage. D’ailleurs le film semble dire que Yusuf était attaché à Leta et que sa mort l’affecte mais c’est moi qui me souviens mal ou alors ce n'était pas du tout le cas dans le 2 ? Et Thésée (le frère de Norbert) lui semble n’en avoir rien à foutre alors qu’ils étaient fiancés. TOUT. VA. BIEN. Puis Croyance non de dieu, on passe d’un des personnages les plus intéressants de la saga à un émo sans personnalité qui lui aussi ne fait rien et ne sert à rien et qui est devenu chiant comme la pluie ! Et comme si ce n’était pas suffisant on nous rajoute des nouveaux personnages qui, spoiler, sont vides et n’apportent rien et on écarte des personnages importants des précédents opus (Pourquoi Tina est quasi absente du récit ? Où est passé Nagini ?).

Et tout ses personnages sont au service d’une intrigue minable qui se veut être une allégorie de la monté du fascisme mais qui traite le sujet avec la subtilité d’un Troll. On aurait pu avoir quelque chose dans la ligné du précédent, nous montrer un Grindelwald se faire apprécier du peuple en le manipulant par la démagogie et la peur, le voir se mettre la foule dans la poche grâce à son charisme et un habile jeu politique, on aurait pu le voir ainsi mener une vraie révolution populaire et des crimes contre les moldus avec ses admirateurs dévoués qui seraient de plus en plus nombreux montrant la dangerosité de la pensé fasciste quand elle devient dominante… Mais non, tout au plus auront nous une scène où l’on nous montre qu’il est aimé du peuple mais jamais celui-ci ne sera au cœur de sa prise de pouvoir. Non parce que voyez vous il faut quand même que le film mérite son titre Les Animaux fantastiques alors ce qui sera la clé de la monté au pouvoir de Grindelwald c’est une biche magique appelé le quilin qui désigne la personne qui dirige le monde des sorciers en se prosternant devant un humain au cœur pur (oui parce qu’il y a une personne qui dirige le monde des sorciers maintenant, alors que faisait il quand Voldemort prenait le pouvoir en Angleterre dans Harry Potter et les Reliques de la mort ? On est en droit de se le demander). Voilà, toute la politique du film est résumée à une biche qui choisi qui qui c’est le chef…. C’est ridicule en plus d’être inintéressant au possible. C’est là juste pour essayer de marier de force Les Animaux fantastiques à la saga de Grindelwald. Et donc ce dernier crée un pantin à partir d’un spécimen mort pour qu’il s’agenouille devant lui et voilà c’est tout, c’est ça son personnage qui est sensé incarné le fascisme, un méchant random qui fait des tours de passe-passe et qui tue des biches, plus rien à voir avec le leader charismatique du film précédent. D’ailleurs j’en profite pour dire que même s’il n’est pas mauvais Mads Mikkelsen nous sert un Grindelwald bien fade à côté de celui tout en manières et tout en charisme de Johnny Depp qui savait magner les mots et la mise en scène pour se mettre son audience dans sa poche, ici on a juste un méchant qui fait la gueule et qui hausse le ton, c’est tout…

Evidement là fin ne rattrape absolument pas le désastre entre le fait que Grindelwald laisse son mensonge se faire dévoiler au grand jour sans rien faire à par dire « non c’est pas moi qui ment c’est eux », le vrai quilin qui s’agenouille devant Dumbledore, WHAT THE FUCK ?! C’est tout l’intérêt du personnage qu’il n’ait pas le cœur pur ! Finalement celui-ci par modestie refuse et alors que le film avait tracé une autoroute pour que la biche s’agenouille devant Jacob (histoire qu’il serve à quelque chose) non elle va s’agenouiller devant la random candidate au poste qu’on a vu deux secondes et dont on se fout complètement parce que le film n’a pas pris le temps de bien traiter sa politique. Evidement quand c’est Grindelwald qui est élu tout le monde est content pour illustrer le danger de la pensé fasciste qui se propage très facilement mais quand c’est l’autre qui est élue tout le monde est aussi content parce que je suppose que le monde des sorciers n’est composé que de débiles profonds qui sont incapables de penser par eux même. Puis comme si tout cela n’était pas déjà assez affligeant on assiste à la destruction du le pacte de sang qui empêchait Grindelwald et Dumbledore de se battre avec une justification complètement lunaire. « Il a voulu attaquer et j’ai voulu protéger, nos sorts se sont croisés » nous dit Dumbledore, alors oui ça ça s’appelle s’opposer à lui ce qui veut dire que ce qui a brisé le sort c’est précisément ce qu’il devait empêcher. S’en suit un combat nul un vague teasing pour une potentielle suite et enfin le mariage entre Jacob et Quiny… Parce que oui ils se marient comme ça, tranquille, sans même chercher à se cacher alors que le mariage entre une sorcière et un moldu est sensé être illégale au Etats-Unis. Puis vraiment ? Le passage à l’ennemis de Quiny n’aura donc eu aucune conséquence ?! Bref une fin à l’image de tout le film, sans ampleur, sans enjeux et creuse.

Et si encore on avait de quoi se divertir mais même pas ! David Yates n’a jamais été un réalisateur de géni mais là il touche le fond ! Difficile quand on voit le combat mou du genou entre Dumbledore et Grindelwald de s’imaginer que c’est lui qui a mis en scène celui entre Dumbledore et Voldemort dans Harry Potter et l’Ordre du Phénix ! Tout est chiant sous sa caméra dans ce film, il faut dire aussi que la photographie gris-terne dégueulasse ça n’aide pas. Dernière chose qui rend le film laid à regarder c’est les effets spéciaux, alors les créatures sont très jolies et très bien faites ce n’est pas le problème mais tout le reste… Enormément de décores font faux dans le film c’est ahurissant, en particulier le décor de fin ! Même Poudlard fait cheap, la « grande » salle a l’aire toute petite ! Puis c’est triste à dire mais même les musiques ne sont qu’un vague écho de ce qu’elles étaient. James Newton Howard qui est pourtant un excellent compositeur (Incassable, The Last Airbender, The Dark Knight en collaboration avec Hans Zimmer…) ne nous délivre ici que des versions dévitalisées de ses anciennes compositions, lui qui nous avait émerveillé dans le premier film avec ses morceaux enchanteurs semble ici avoir été vaincu par la monotonie du film.

Alors oui tout n’est pas à jeter dans le film, on sent bien qu’il y a de bonnes idées comme la relation entre Dumbledore et Grindelwald, le fait de vouloir dépeindre la monté du fascisme (même si Grindelwald à perdu tout ce qui faisait son charme avec le changement d’acteur et que la saga Harry Potter parlait déjà de ça à travers le personnage de Voldemort), avoir un antagoniste qui peut voir des brides du futur voir même le fait que Croyance soit le fils du frère de Dumbledore… Mais avoir des idées ça ne suffit pas à faire un bon film, il faut savoir quoi en faire, comment les raconter et les mettre en image sinon ça ne reste que des idées.

Me concernant ce film est l’avis de décès de la saga du Wizarding World et si jamais ce noble étalon venait à être ressuscité via un quatrième opus des Animaux fantastiques on aurait alors en face de nous une créature pareille au quilin ressuscité par Grindelwald, un simple pantin sans âme qui n’existe que pour servir de sombres dessins…

LucasBorja
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le 3 mars 2023

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Lucas Borja

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