Attation, ça spoile.

Le convoi de David, jeune militaire engagé au Mali, saute sur une mine. Il est rapatrié en France dans le coma. Sa soeur vient à son chevet, elle est visiblement sa seule famille. Le jeune homme se réveille une semaine plus tard, traumatisé à tous les égards, et doit tout réapprendre, à parler, à marcher, à penser et à panser ses blessures de grand brûler. Il doit aussi retrouver la mémoire car il se réveille amnésique. Ces scènes de réapprentissage sont parmi ce qu'il y a de plus réussi dans le film, c'est filmé de manière très programmatique, l'une succédant à l'autre, et laissant bien comprendre combien il est difficile de se remettre de ça. Il part ensuite en convalescence chez sa soeur, qui loue une petite dépendance d'un château en semi abandon appartenant à un riche travesti désargenté et bougon. Une fois guerri, David reste pourtant chez sa soeur en attendant de retrouver peu à peu la mémoire, mais comme il n'a plus de souvenir d'elle, a tendance à plus se comporter comme un amant que comme un frère. Ce qu'il ignore encore, c'est qu'ils ont été amants et que ce couple de frère et soeur est un couple incestueux. Lorsque j'ai vu que Téchiné sortait un nouveau film, le premier truc que j'ai voulu vérifier c'est si il travaillait toujours avec Sciamma au scénario. Ce n'est plus le cas, Cédric Anger l'accompagne ici, et ça m'a suffit pour me motiver à aller le voir. J'ai bien fait, c'est un film très beau, très réussi, avec une mise en scène très affirmée, très belle, que je n'avais pas vue chez lui depuis longtemps. Etonnant de choisir un sujet comme l'inceste, et surtout de ne pas le traiter frontalement tout en le laissant contaminer le film peu à peu et créer une vraie sensation de malaise. Le spectateur n'est pas pris au piège pour autant, trouve sa place, d'autant que le sujet du film est comment sortir de ça pour reprendre des rapports normaux de frère et soeur. C'est complexe, intense, parfois un peu bancal, très bien interprété par l'ensemble des comédiens, et surtout la musique téchinéenne est de retour au meilleur de sa forme, Téchiné est un auteur si discret qu'on a parfois tendance à l'oublier, mais il est toujours là et bien là.

FrankyFockers
7
Écrit par

Créée

le 28 avr. 2023

Critique lue 188 fois

1 j'aime

FrankyFockers

Écrit par

Critique lue 188 fois

1

D'autres avis sur Les Âmes sœurs

Les Âmes sœurs
Azur-Uno
6

Je t'aime, moi non plus

Grand réalisateur français de renom depuis la fin des années 60, André Téchiné a réalisé 30 longs métrages, alternant récits romanesques et histoires plus intimistes, souvent d'inspiration...

le 27 avr. 2023

14 j'aime

10

Les Âmes sœurs
Sergent_Pepper
4

La mémoire sans la peau

André Téchiné a toujours apprécié les sujets romanesques, dans lesquels les individus se retrouvent confrontés aux marges (de la loi, de la morale, du genre, des codes) : la singularité du...

le 20 avr. 2023

8 j'aime

Les Âmes sœurs
Slapkanovitch
7

Saisons et sentiments

30 ans après Ma saison préférée, André Téchiné filme l'histoire d'un frère et d'une sœur. David est un soldat en mission au Mali quand son char explose sur une mine. Il est alors rapatrié à l'hôpital...

le 7 avr. 2023

4 j'aime

2

Du même critique

Forever Changes
FrankyFockers
10

Critique de Forever Changes par FrankyFockers

La carrière de Love n'aura duré que de 1965 à 1970. Un bien court moment, mais qui marquera à jamais l'histoire de la musique rock et qui fera du groupe le plus grand représentant du psychédélisme...

le 24 avr. 2012

67 j'aime

10

Body Double
FrankyFockers
10

Critique de Body Double par FrankyFockers

Pourquoi ce film est-il si important dans l'histoire du cinéma moderne ? Voici une question qui mérite d'être analysée, comme il convient aussi de s'arrêter quelque peu sur le cas Brian de Palma, le...

le 23 avr. 2012

59 j'aime

4

Le Charme discret de la bourgeoisie
FrankyFockers
10

Critique de Le Charme discret de la bourgeoisie par FrankyFockers

Sorti sur les écrans en 1972, Le Charme discret de la bourgeoisie se situe en plein milieu de la période française de Bunuel, sa dernière et aussi l'une de ses plus intéressantes. L'âge n'a jamais...

le 23 janv. 2012

43 j'aime

1