Vincent Lannoo est de retour des Amériques où il a visiblement appris les règles du jeu et fait ici une mièvre démonstration de double-discours. D'une part la romance contrariée teintée de fantastique et gentiment familiale et en sous-couche, une valorisation/mystification du judaïsme qui va crescendo. Je vais plutôt me focaliser sur ce second aspect qui a visiblement fait l'objet d'un traitement soigneux et subtile.


On commence par voir des décorations de noël très visibles sur la porte de la voisine, puis on pénètre dans l'appartement de Victor (Pierre Richard) où un discret petit chandelier à 7 branches est négligemment posé sur une table basse avec deux bougies allumées. En effet, si c'est Noël, c'est Hanouka, le deuxième jour et Victor est donc israélite et pratiquant malgré l'absence de kippa sur son crâne. Dans la foulée, un plan rapproché de Victor a pour arrière-plan très flou un autre petit chandelier pas en service posé devant des bouquins dans la bibliothèque tandis que Victor campe son personnage de "sage" de la comédie. Il évoque le fait de faire revivre quelqu'un sur base de sa collection de vinyles et propose Rika Zaraï. Mais Rika n'est pas morte, alors il propose Mike Brant (ironiquement suicidé malgré le grand succès de "Laisse-moi vivre ma vie"), deux artistes israéliens émigrés en France. Victor ne passe pas de musique et va prendre un bain, il y a plaisanterie:
- Eh, fais gaffe, pas comme Cloclo hein ! Ha ha ha !
- Ha ha ha !
Claude François, mort électrocuté en changeant une ampoule après son bain, était égyptien.


Plus loin dans le film, Victor lâche un "Mazel tov" et encore plus loin nous parle du ghetto de Varsovie et de ses recherches de traces qui représentent son ultime travail. Les vieux ne sont en effet pas dans les chouchous à Hollywood et à défaut d'être sacrifié ou mourant, il est juste bon à ruminer son passé, à se retourner face à la marche du monde pour retrouver des souvenirs.


Encore plus loin, alors qu'un "fantôme" est revenu sur Terre pour tourmenter la petite romance, Victor théorise sur la magie mystique juive et "l'art hébreux de faire revenir les morts". On peut se demander s'il n'est pas fait allusion/clin d’œil à de faux assassinats ?


Notons l'usage typique de l'ironie: le birthday-boy de 10 ans dit ne connaître personne à la fête, donc il ment mais ça passe pour cool et sympa.
Puis le fait qu'il joue au gameboy pendant qu'on lui parle n'a pas l'air de déranger l'adulte qui détourne simplement le regard en continuant son récit...
On a aussi le très hollywoodien réflexe du mensonge chez Paul et cette façon d'être râleur et de pousser des gueulantes inappropriées.


L'enjeu du scénario est finalement la séparation consentante entre l'enfant et son père, séparation et disparition légitime du père qui arrange tout-le-monde... C'est dans le cahier des charges du film-maker du XXIème siècle, il faut briser la famille même en ayant l'air de la glorifier !


À ses débuts, Vincent Lannoo avait l'air d'être un gars à mettre les pieds dans le plat, se foutant du politiquement correcte et prêt à envoyer de la patate chaude mais en fait c'est tout le contraire, il est tombé dans le moule comme les autres...


Comédie pataude et téléfilmique totalement dispensable !

tobor
2
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le 5 juin 2020

Critique lue 179 fois

tobor

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