Quel signal? de quoi? C'est "Invasion des mutants robots E.T gentils et même un peu cons"

Pour tenter d'éviter de se tromper, "The signal" se contente de ne rien dire.
On sait, on comprend, vu l'affiche, qu'il y a un mystère sous-jacent, quelque-chose, mais: se dévoilera-ce?
Restera-t-on en superficie une heure et demi durant? On s'en rend-compte rapidement: il n'y a, au niveau scénaristique, pas de "fond consistant" autre que de raconter cette histoire tirée par les oreilles de son nounours.


Ce film nous laisse devant des symptômes et trace sous nos yeux un raccourcis scabreux en guise de diagnostique. Du côté "divertissement", on ne risque pas d'en avoir pour son compte: à mi-chemin entre le téléfilm pour ados bien formatés et un expérimental esthétisant de type "glaçons dans la pub Martini" ou "ralenti de football", les longueurs dépassent de loin la grande aventure.


Voyons un peu à quoi pourrait bien servir "The signal"?


Premièrement, comme Néo de chez Matrix, nos héros "Nic et Jonah" sont des hackers et jouent du clavier en zone virtuelle interdite. L'ensemble du phénomène qu'ils déclenchent à leur insût et qui entraine une invasion technologique alien, s’amorce sur le net, via un tchat et quelques menaces entre coqs et trolls.
Il est important (semble-t-il) de fasciner les jeunes en faisant du net déjà si familier, un terrain de "tous les possibles", un début d'aventure potentielle. Cela augmente considérablement le champs pour les plus geeks ou cautionne "ne pas trop savoir ce qu'on zone sur le net" pour les autres. Eugène Snowgard vous le dira mieux que moi: internet est le pain béni de la surveillance et du contrôle, vous êtes invités à tout faire via le net!


Nos deux jeunes amis et leur copine Haley se retrouvent, alors qu'ils croyaient traquer jusqu'à son domicile, "Nomad" un hacker concurrent (ce qui est une idée vraiment très stupide), contaminés par un virus mutagène extra-terrestre (ce qui devient carrément tiré par les poils-de-nez). C'est le très convainquant Morphéus Fishbourne qui est semble-t-il responsable de leur mise en quarantaine et des examens ad-hoc. Morphéus ne quittera pour l'occasion de ce film, pas son scaphandre de protection dont le casque est heureusement équipé d'un éclairage interne permanent, pour faire ressortir son joli minois, petit néon qui sans-doute, aide à justifier son cachet.


Vu son côté extrêmement convainquant lorsqu'il s'agit de présenter une pilule bleue et une rouge pour offrir un choix sans vraiment en dévoiler les tenants et aboutissants, il sert ici d'intermédiaire semi-autiste, qui n'expliquant qu'un stricte minimum, histoire que le spectateur ne s'endorme pas ou pire, ne se fâche irrémédiablement, propose à nos amis détenus séparément et dont la santé est plutôt chancelante, de "choisir" le statut de cobaye pour se confier à la science, ou de mourir dans d'atroces souffrances.


Moyenne hésitation pour Nic, notre héros qui, bien qu'il se déplace péniblement avec des béquilles, décide de prendre la fuite en emportant son amie inconsciente voire comateuse depuis le choc de la rencontre E.T.


Il se sera aperçu entre-temps de la mutation qui s'opère sur ses jambes, lesquelles deviennent petit-à-petit celles d'un androïde de type 6PO ou d'un Bionicle au design aéré. Mazette!!! il se transforme spontanément en robot 3D par les guiboles! C'est le virus mutagène: la chair disparait, du métal apparait, c'est normal, c'est "extra-terrestre".


Puisqu'il s'évade avec ses béquilles en poussant un lit d'hôpital, épreuve autrefois bien connue des "Jeux sans Frontières" pour handicapés moteurs, le voilà pris en chasse par une brigade en combinaison de protection (celle avec un éclairage facial). Parmi eux: Morphéus inquiet mais très digne et ... son vieux pote Jonah avec qui il avait bien échangé quelques mots par une bouche d'aération mais qu'il n'avait plus revu. Bien que contaminé, Jonah a reçu une panoplie complète de protection et peut-être même un job (?) Ils se reconnaissent néanmoins et se barrent de là discretos, Jonah enlève son casque parce que bon, on s'en fout et décide de prendre la fuite avec, en famille. Il mute aussi le bougre, du côté des mains: deux grosses paluches articulées et recouvertes d'écailles métalliques, il est devenu très très fort mais ne le sait pas encore. Tristounet, il voit venir les problème pour se curer les narines, pour s'astiquer la nouille...


Je ne sais plus trop quel miracle réveille la copine Haley mais elle recouvre rapidement ses esprits sa vigueur et sa manie de causer pour ne rien dire. Elle demandera bien-sûr si ces mutations ne sont pas trop douloureuses et ... non, il semble que ça va!
À propos, ses nouvelles jambes robots se maitrisent de mieux en mieux depuis sa fuite aux béquilles, elles ont même une super-patate puisqu'il démolit tout ce qu'il veut d'un coup de sabot, avec explosion intégrée s'il vous plaît!


Nos amis atteignent l'extérieur, après avoir encore fait péter quelques portes blindées et vigiles récalcitrants, les voilà libres. Pour fuir (ce qui est étrange puisque ce sont "eux" le problème), il faut d'office un véhicule. Après avoir étés pris en stop par une bigote, contaminée au passage, c'est pour attraper un camion l'occasion de mettre les pistons de ses nouveaux mollets à l'épreuve, ok, tout baigne, c'est Steve Austin pour pas un balle! avec un camion en prime qu'on peut même détruire si on veut!


Je n'offre pas ici le spoil complet mais en gros l'épidémie se répand et la planète est exposée à cette invasion mutagène E.T. Nos trois héros infectés fuient et en foutent partout, ils se cachent mais se font finalement coincer.
Là on a droit à une apparition explicative de Morphéus avec son petit néon, même sous le soleil, il nous sermonne les avantages de cette géniale mutation qui laisse la conscience humaine exister dans du matos high-tech de précision. Tout le matériel qui l'entoure, depuis la valise jusqu'à l'hélicoptère (en passant sans-doute par la brosse à dent et le calebarre), est estampillé "Damon", nom du projet ultra-secret (c'est bien de l'afficher partout en grand) qu'il dirige. "Damon": les E.T's, "Nomad": le hacker, le vieux palindrome qui explique tout!. Nic, souviens-toi: le gars avec qui tu t'étais embrouillé sur "Call of duty", et bien lui, il était là pour du vrai!


Jonah est mort en se sacrifiant pour sauver ses potes, parce que vous savez bien, quand on a un jeune couple qui s'aime, le troisième sympa, geek à lunettes avec des grosses paluches-robot et qui cause tout-le-temps programmation, c'est surtout bien en souvenir!


De rage ou juste comme ça pour rigoler, Nic fini par piquer un sprint sur un pont (histoire pour l'équipe de faire encore un petit tour en hélico avec une caméra) et passe le mur-du-son en un joli effet psychédélique, ses tympans ayant dus se déchirer jusqu'aux narines n'ont pas l'air de lui poser problème, on plonge en plein rêve coloré. Reste à espérer qu'il ne loupe pas l'entrée du prochain tunnel parce qu'à la vitesse du son, un pont est vite traversé. Non, il a freiné mieux que Speedy-Gonzalez (sans poussière) et contemple par une percée carrée dans du béton (le bougre se retrouve bien dans un tunnel! un tunnel avec des fenêtres) et tout ça avec un air abruti. C'est un peu, à sa façon, le plan final de "L'homme qui rétrécit" (The incrdible shrinking man) dans lequel, en voix-off, on nous ouvre le champs d'un nano-monde. Ici, il n'y a visiblement rien à dire, tant on n'a pas arrêté de rebacher ce même discours pour élargir le champs "man-machine". Mais assez tiré en longueur, Morphéus apparait juste en face, comme dans un guignol, ôte finalement son casque pour nous dévoiler un profil qui pourrait provenir du mélange des entrailles d'une imprimante laser et d'un carburateur de 2CV avec beaucoup de vide à la place du cerveau: il est plus atteint qu'il n'en avait l'air, seul son visage n'est pas en toc!


Nous sommes ici de plein pied dans la diffusion d'idées préconçues amies du transhumanisme, cher à la scientologie, à l'image unanime de ce que propose hollywood. L'engouement pour l'hybridation "man-machine" se prolonge en réalité dans les secteurs de "la recherche", de la bio-ingénierie, l'A.I, les technologies et les matériaux de pointe et est devenu objet de subsides et source de revenus pour de fines équipes qui mystifieront toujours via leurs lobbys l'aboutissement de leurs travaux en un sauvetage de l'humanité, pourvu que ça dure!
Il ne serait pas étonnant que cette "campagne" qui sévit plus lourdement depuis 2013, annonce le lancement de produits commerciaux de type "exo-squelette", poupée-gonflable de la 3ème génération, robots électroménagers autonomes, ...


"Fais de moi le nouveau génie de Caltech" est répété plusieurs fois par Jonah au cours du film, comme pour se donner du courage (comme pour ne pas avoir l'air de jouer dans un soap-opera). Il s'agit de l'Institut Technique de Californie, une haute école d’ingénierie liée à la NASA, dont les sortants contribuent vraisemblablement à l'escalade technologique, repoussant au fur et à mesure les frontières de la science-fiction.


Je vous propose si vous le voyez en salle de ne pas hésiter à huer quand vous le sentez, ça distraira ceux/celles qui se sentent obligés ou font semblant de trouver le film intéressant pour justifier le coût du billet!

tobor
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le 7 août 2014

Modifiée

le 13 août 2014

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tobor

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