Sept 2009:

Un des premiers films de Visconti, si ce n'est le premier, mais le cinéaste italien montre là déjà toute l'étendue de son talent de narrateur par l'image. Le début du film est d'une force et d'une efficacité incroyable. La virtuosité de la mise en scène m'a époustouflé. Sans un mot, les plans séquences qui introduisent les personnages et les enjeux sont d'une concision et d'une netteté ahurissantes d'intelligence. La sexualité de ces premiers plans est d'une intensité rare avec pourtant une mise en scène sobre, directe. Ce sont les cadrages, quelques idées simples, les placements et les mouvements des personnages qui sont d'une pureté scénique éblouissante.

Mais malheureusement cela ne perdure pas. Dans la dernière partie du film, le sentiment de culpabilité de Gino est retranscrit sans toujours autant d'habileté qu'on ne n'espérait. Les souffrances morales qu'il endure sont un peu outrées. Ses atermoiements fatiguent. Et le récit met un peu trop de temps à trouver sa voie. Un peu trop long, le film noir perd en dynamisme et pertinence, il me semble, sur la fin. Le destin des deux amants est évident dès le début et Visconti ne parvient pas à toujours maintenir un intérêt face aux derniers soubresauts de ses personnages.

Il n'empêche qu'à la fin du film, on retient davantage l'agileté et la finesse de la majeure partie des scènes, grâce à une réalisation pleine de charme. C'est bien écrit, bien filmé, quelques fois magique et c'est bien là l'essentiel. Luchino est fuoriclasse.
Alligator
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le 23 mars 2013

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