Tarantino fait rarement dans la dentelle. Certes. Là, une fois encore, il nous livre un film pur jus d'hémoglobine. Des situations tendues avec des dialogues dedans. Des acteurs avec des gueules de durs. Des flingues avec des balles. Des corps avec du sang.


D'entrée, c'est la blancheur immaculée des décors qui frappe. La neige tombe en rafales et le vent souffle, glacé. Bientôt, le vermillon va faire son apparition. Dans un relais rustique se retrouvent rassemblés huit personnages pour un huis-clos à couteaux tirés. Certes, ces curieux lascars semblent provenir d'horizons relativement différents. Les dialogues s'installent, polis mais rugueux. Après, ça se gâte. Il y a de la provocation dans l'air et ça sent rapidement la poudre, puis une odeur métallique vient s'ajouter... et le vent reprend finalement ses droits.


L'image est belle, les décors intérieurs authentiques, les cadrages réussis et la musique, reconnaissable entre toutes, très appropriée. Certes, les dialogues sont savoureux et la narration singulière, à la façon Tarantino. Décalée, pas totalement chronologique, irrévérencieuse, drôle. Une mention spéciale dédiée à l'explication du titre du chapitre cinq. Totalement surréaliste, elle est vraiment amusante par son second degré.
Mais la narration s'avère un peu lente par moments. Parfois, certains dialogues semblent tellement convenus que c'en est tordant. Selon les moments, on pourra osciller entre l'hilarité ou un léger début d'ennui. Certes, les acteurs étant excellents, ça passe très vite. Ils semblent vraiment s'amuser des situations qu'ils doivent jouer. Tim Roth est égal à lui-même, Kurt Russel plus vrai que nature, Jennifer Jason Leigh totalement immergée dans son personnage déjanté. Quant à Samuel L. Jackson, il est juste fabuleux en vieux chasseur de primes à l'esprit affûté.


Ce bel ensemble parvient à faire s'écouler les 2h47 de film relativement rapidement. Quentin Tarantino a une fois encore réussi à créer un film différent. Son empreinte singulière est indéniable et elle s'avère fort plaisante. Certes, ce film n'est certainement pas son meilleur, mais il se révèle surprenant, ce qui n'est pas si courant dans le monde aseptisé du cinéma.

Apostille
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le 16 janv. 2016

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