Les 8 Salopards par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 28 novembre 2023

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Les suites de la "Guerre de Sécession" de 1861 à 1865 aux Etats-Unis ont laissé des traces indélébiles avec ses dizaines de milliers de morts dans cette lutte contre la loi d'abolition de l'esclavage. Les braises restent présentes et les chasseurs de primes pullulent, toujours à l'affût d'affaires douloureuses et troubles.

Nous voici maintenant en 1877 dans "Les Rocheuses" dans le du suddes Etats-Unis. La nature est couverte d'une épaisse couche de neige. Le blizzard se déchaîne et au loin, dans cette nature hostile, un petit point se détache sur la blancheur des lieux et s'approche. C'est une diligence transportant de biens inquiétants personnages, John Ruth surnommé "Le Bourreau" entiché d'une femme vulgaire et sans scrupule, une dénommée Daisy Domergue qui devra être pendue pour crime à Red Rock.

Vu le temps exécrable une étape s'impose. Mais avant d'arriver à "l'Auberge de Minnie", ce couple improbable rencontre sur son chemin un homme solitaire pris dans le blizzard, ancien soldat devenu lui aussi chasseur de primes si l'on en croit la "cargaison" qu'il transporte. Celui-ci négocie avec "Le Bourreau" pour monter à bord de la diligence et en route. Le climat devient encore plus ténébreux dans la diligence lorsque qu'un autre personnage plus loin demande à être embarqué. De mauvaise grâce on l'accepte. Il s'agit de Marquis Warren, un commandant lors de la guerre. La diligence continue son chemin dans l'immensité blanche.

Quelque temps plus tard un autre homme en péril se trouve sur le passage et va finir par compléter le trio, il se nomme Chris Mannix et se dit justement le futur shérif de Red Rock.

Le quatuor qui ne semble pas s'estimer, loin s'en faut, va péniblement arriver à l'étape prévue, "l'Auberge de Minnie".

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Ce qui n'était pas prévu c'est que quatre hommes aussi inquiétants que les arrivants sont déjà sur place et l'accueil réservé n'est pas des plus cordiaux.

Dans cet établissement du bout du monde se côtoient des gens qui ne sont pas là par hasard. Des comptes sont à régler et l'endroit est bel et bien une embuscade. Chacun cache son jeu comme il peut tout en se montant agressif, cachant à peine sa haine vis à vis des autres. Les plaies racistes de la "Guerre de Sécession" sont aussi fraîches que les traces à perte de vue des pas dans la neige. La tempête ne règne pas qu'à l'extérieur, elle est aussi dans les têtes de ces "huit salopards" qui sont prêts à en découdre à la suite de leurs grosses divergences. Certains sont dans ce lieu pour délivrer Daisy Domergue, pour des crimes de guerre ou des trafics. Il y a même un Général sudiste qui accumule sur la conscience une foule de crimes et un homme de couleur pris à parti par tous, se disant ami de Lincoln et possédant une lettre personnelle signée de la main de cette célébrité. Bref, lorsque ces personnes se rencontrent et se défient sournoisement évidemment de violentes étincelles embrasent l'assemblée.

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Quentin Tarantino est un réalisateur prodigieux car pour ce western très hivernal d'un genre spaghetti il découpe cette intrigue en plusieurs actes prenant le temps de nous présenter les différents protagonistes qui vont nous embarquer dans une formidable partie d'échec, de poker menteur et de chausse-trappe, puis d'actions violentes, parfois humiliantes, tout cela bien sûr sous les thèmes toujours très sensibles du racisme, de l'esclavage et de la vengeance.

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C'est certainement l'un des plus grands films du réalisateur qui a le don de faire vibrer intensément le public par son cinéma d'action d'un style qui n'appartient qu'à lui. Ici nous sommes dans un mélange de western et de thriller, un mélange à couper le souffle jusqu'à la dernière seconde.

Les paysages enneigés, les couleurs de cette nature hostile, les angles trouvés sont d'une grande beauté avec pour agrémenter cela la musique composée par Ennio Morricone qui accompagne à l'unisson tous les durs instants de l'intrigue de fort saisissante manière.

Les interprètes sont tous grandioses dans leur personnage mais il faut dire que l'ami Tarantino a fait très fort pour cette occasion, jugez. Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Michael Madsen, Tim Roth, Walton Goggins, Demiam Bichir et Bruce Derm forment nos huit salopards séquestrés dans ce lieu par la faute des intempéries

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Il ne vous reste plus qu'à passer 2h45 à vivre dans ce lieu hostile en compagnie de ces personnages bourrus, cachant comme ils peuvent leur jeu par leurs silences, leurs paroles incisives et leurs actions. Et dans ce jeu plein d'inattendus le temps passe très vite.

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Ma note: 9/10

Box-office France: 1.779.974 entrées

Créée

le 30 déc. 2023

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