Alors que Michael Meyers et Jason pour ne citer qu'eux n'ont eu le droit qu'à des sequels (ou remakes) la saga Chainsaw n'a pas connu la même linéarité. En effet, après les deux premiers Texas Chain Saw Massacre de Tobe Hooper la franchise ne savait plus trop bien où se situer entre le remake et le sequel, en cherchant soit à prolonger le massacre (au sens propre comme au figuré) soit à revenir aux origines de la famille Sawyer.


La question qui est souvent posée concerne l’intérêt de revenir sur le passé d'un célèbre slasher. Certains argumentent que comme on a peur de ce que l'on ne connait pas, Leatherface doit rester ce psychopathe cannibale sans que l'on sache forcément comment ou pourquoi il l'est devenu. D'autres, favorables à un univers étendu, souhaitent connaître les causes d'un tel comportement et se réjouissent de voir The Texas Chainsaw Massacre: The Beginning ou ce tout récent Leatherface.


Tout fan de l'oeuvre original de Tobe Hooper sait que ce dernier s'est fortement inspiré de l'histoire du serial-killer Ed Gein pour créer son Leatherface. A partir de ce constat, l'histoire de Leatherface peut facilement être inventée: le décès d'une mère autoritaire, un complexe d’Œdipe, l'isolement d'une campagne reculée etc... Parce que ce que les gens ont tendance à oublier c'est que le premier TCM apporte déjà beaucoup de détails concernant les origines etla personnalité de Leatherface. Celui-ci ne parle pas, on peut penser à un traumatisme d'enfance ou un handicap, il porte des vêtements de femme et du maquillage sur son masque dans la deuxième partie du film (la scène où il se maquille a été coupé au montage) et enfin l'absence intéressante de tout élément féminin, mis à part la Grandma décédée à l'étage, la génération intermédiaire est absente. En d'autres mots, les parents de Leatherface et surtout sa mère ne sont jamais mentionnés.


L'arrivée sur le grand écran d'un prequel origin du tueur à la tronçonneuse peut donc poser questions en considérant les faits abordés plus haut. La présence des deux créateurs originels (i.e. Tobe Hooper et Kim Henkel) à la production se voulait rassurante mais très rapidement la sensation de déjà vu et d'inutilité se fait sentir. La bande-annonce offrait le filtre jaunâtre marque de fabrique du premier TCM et la présence d'un asile psychiatrique dans lequel Leatherface serait gardé; tout ceci semblait prometteur, contrairement à l'immonde Texas Chainsaw 3D de 2013. Les différents problèmes que rencontre ce film sont caractéristiques des films d'horreur modernes sans âme. Car oui ce film n'a pas l'âme d'un TCM, il ne possède aucune ambiance. Pour commencer, il ne fait pas peur, il n'y a aucun jump-scare (peut-être une bonne chose), le gore est assez risible tant les scènes de boucherie sont filmé hors-champ et le final possède une décapitation à la Evil Dead et le shériff se fait charcuter sans que le spectateur ne cille puisque le personnage était antipathique. Un twist plutôt surprenant mais inutile nous fera nous rendre compte que le jeune Leatherface évadé de l'asile n'est pas celui que l'on croyait (un grand adolescent en surpoids ne parlant à peine) mais le gentil de la bande! Car oui le problème de ce film c'est ses personnages. Ils servent à faire évoluer l'histoire sans se soucier de la cohérence. L'infirmière est prise en otage par la bande mais a toutes les occasions du monde pour s'enfuir, elle a de l'affection pour Jackson, le plus gentil de tous, et ce sentiment est réciproque mais pourquoi finira-t-il par la tuer? Parce qu'elle a insulté sa mère? Le personnage était trop humain et compatissant pour changer de cette manière. Il faut ajouter à ça le fait que les origines de Leatherface ne sont qu'un prétexte pour montrer celui-ci enfant, mais on ne saura toujours pas pourquoi la tronçonneuse est son instrument de prédilection, ni pourquoi la famille en veux autant à tout le monde, ni comment ils sont devenus cannibales puisque toute la chair humaine est donnée aux cochons, ni pourquoi Leatherface perdra l'usage de la parole... Il faudra signaler aussi que Leatherface porte des masque de chair humaine, comme l'indique son nom, mais en rien qu'il est lui même rafistolé, le Leatherface original est certes difforme mais pas recousu. Le seul point positif qu'ils ont apparemment compris du premier film est que Leatherface n'est pas comme Michael Meyers ou Freddy, il a un cœur, c'est une victime manipulée et trop attardée pour comprendre tout ce qui lui arrive.


En bref, un énième film de la franchise Chain Saw Massacre qui ne cesse de s'enliser dans une volonté de rendre un dernier hommage à l'oeuvre du feu Tobe Hooper, sans qu'aucun n'ait jamais su comprendre par quel tour de magie il avait réussi à traumatiser le monde entier en 1974. Un film inutile qu'il ne faut même pas regarder pour le divertissement que pourrait offrir un film d'horreur.

AlexisVantilcke
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le 1 nov. 2017

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