Bien vite balayées, les mondanités laissent place sans coup férir à d'acerbes échanges, fielleux et assassins. Le ton est noir, la lumière tamisée. L'obscurité fait loi, dans les cœurs et les esprits. Complots et manigances rôdent en coulisses.
Rome, mystérieuse. Terre de traîtrises, de mensonges et d'assassinats. Ici, cupidité et fourberie se cachent sous les plus beaux sourires. Ici, la vérité ne vaut que pour le naïf qui la conçoit.
Rome, terre de beauté et d'Art, paradis des sens, trompeuse douceur de fin de printemps. Ici règne la symétrie, le perfectionnisme passionné, n'attendant qu'une parfaite mise en lumière pour exalter l'observateur.
La perfection, pure vérité, est éphémère, vouée par nature à disparaître, annihilée sous les sadiques assauts de son créateur même, comme bouleversé par l'indicible puissance de son œuvre. Malin et étrange plaisir que le saccage de ces instants d'éternité, lorsque musique, lumière et images s'envolent au diapason vers l'absolu. Pour mieux se briser en un fatal instant et amorcer un nouveau cycle.
Le récit est d'une limpide simplicité. Triste mais presque beau. De cette simplicité, il tire sa force. De cet homme qu'on abat, de cet être de souffrance auquel - si impossible que soit cette passion - on s'attache, de ce clown triste sans espoir se nourrit le récit d'un pas-grand-chose qui veut dire quelque chose.
La contemplation de la déchéance est malsaine. L'impression de déranger, de n'avoir pas sa place auprès de ce brave homme, persiste. Mais le regard s'attarde. Sur une quête ininterrompue, de tous les instants, de la perfection artistique. Elle est partout. Dans les édifices millénaires ou ceux que l'on ébauche, dans une habile prise de vue, une photographie choquante de luminosité dans ce monde obscur, un ou des corps voluptueux, le visage déboussolé de l'artiste perdu dans l'identification avec son sujet.
-IgoR-
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le 20 mai 2014

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