Bon, j'ai détesté ce film mais que se soit clair, je pense surtout qu'il strictement, objectivement mauvais et je vais ici essayer de démontrer pourquoi selon moi.

Commençons par énoncer les quelques points que je peux concéder : l'actrice joue, la plupart du temps bien, mais on lui demande de jouer un personnage tellement cliché que ça perd tout intérêt. Il y a une petite ambiguité sympathique sur le prof, on comprend bien qu'il se sert de Marguerite mais il semble vraiment ému à la fin, il est quand même vraiment passioné. C'est bien de ne pas encore avoir un conard à 100%. Voilà maintenant passons au reste.

De ce que j'ai lu, tout le monde s'accord à dire que c'est au mieux convenu scénaristiquement. Et c'est effectivement le cas, en fait le film ne propose rien. J'ai du mal à savoir par où commencer en fait.

Déjà, c'est quoi cette caricature de fan de math ? Non seulement ça ne décrit (presque, on va y revenir) riende réel donc compliqué de se sentir un peu impliqué l'histoire mais rien n'est fait pour y remedier, à aucun moment on ne sent sa passion pour les maths, pour ce que sont les maths, ça aurait pu être tout autre chose que ça n'aurait rien changé. D'accord elle est dévastée lorsqu'elle se rend compte de son erreur, mais déjà, une telle erreur ça n'arrive pas en thèse (le coup de : elle s'en rend compte le veille alors que ça fait 2 ans qu'elle bosse dessus ça n'a aucun sens, en plus sachant qu'avant l'arrivé de Lucas, le prof avait tout intérêt à ce qu'elle réussisse, donc comment ne l'ont-ils pas vu à deux ?) mais surtout, à quel moment on sent l'enjeu de la thèse ? c'est évincé super rapidement sans contexte. D'accord, c'était peut-être pas le but de parler de ça, mais donc tout le rapport à l'échec qui suit dans le film n'a aucun poids, il n'a pas valeur pour le spectateur donc tout quitter comme ça semble être un caprice stupide alors que ça aurait pu être interressant (la pression familiale, sa situation précaire sont également évincés, ça n'a juste aucun intérêt de les développer si peu, ça ne pèse quasi rien). TOUT est traité rapidement, on a jamais de moment on sent que les maths la passionne, jamais de vrais moment de malaise long, on n'épouse jamais sa temporalité quand elle fait des "maladresses sociales" donc pareil, aucune empathie ne se peut créer, on suit un personnage, pas une personne. Il y a juste le moment où elle évoque d'où vient sa fascination pour les maths, bon c'est une banalité mais une banalité réelle pour cette fois donc ça c'était bien (la peur de l'infini, enfin un peu de contexte sur sa vie)

L'isolement dans lequel elle se met (par rapport à sa coloc), l'éventuelle addiction au jeu, ses remords après avoir viré Lucas, tout ça n'est pas traité non plus, je ne dis pas qu'il aurait fallu le faire, mais ça aurait donné de l'épaisseur au personnage, une ambiguïté, là on sait déjà comment ça se terminer, c'est cousu de fil blanc.

Parlons 2 minutes de sa rencontre avec Noa, pareil c'est cliché, olala les deux opposés se rejoignent, elles partent toutes les deux, attendent le bus, Marguerite sort juste après Noa donc Noa n'a pas attendu le bus longtemps (ptet 30 secondes ?) mais elle dit que le bus n'arrivera jamais. C'est un exemple de scène qui ne dure pas assez ce n'est pas crédible, le malaise dans la boite de nuit c'est pareil, on ne ressent rien car tout passe vite, en plus d'une mise en scène banale au possible.


Donc, tout le propos du film "l'échec n'est pas la fin", "l'amour, la persévérance au dessus du reste", très bien mais c'est un message de principe, qui n'est pas illustré par le réel (en plus bon un problème comme ça, c'est rarement avancé si rapidement par des illuminations subreptices).

J'ai vraiment souffert (et parfois ris) de tout ça tant ça me semble évident et bête, ça me tue, elle à subit plein de situations qui dénotent totalement avec sa vie passée en un temps si court (bon ça je peux admettre) pour au final ne pas avoir vraiment changé, ce qui est logique en soit. J'ai du mal à croire que d'un coup on aura ici un effet de réel donc je vais mettre ça sur le coup d'un heureux hasard.


Je ne vais pas épiloguer sur tous les clichés mais vraiment c'est hallucinant. J'aimerai essayer d'aller un peu plus loin.


Premièrement : A priori, je devrai me sentir concerné par cette histoire, j'ai moi-même été un nerd des maths pendant un temps, j'ai voulu faire de la recherche pendant presque toute ma vie (en bio, pas en math), j'ai passé les épreuves ENS dans ce but et j'ai été pendant longtemps un peu comme elle, complètement perdu dans les interactions sociales (pas du tout autant qu'elle évidemment). Tout ça pour dire que ça DEVRAIT me parler, c'est quand-même fou que malgré ça je trouve cette proposition absolument minable, c'est peut-être le film qui évoque le plus ma vie (même dans son dénouement) mais que ça ne fonctionne pas. Je veux montrer par là que ce qui compte (pour moi, mais je pense que ça devrait (au sens : doit être) universel), c'est la forme, c'est l'utilisation de l'outil cinématographique.


Secondement : Justement, que fait ce film du cinéma ? Presque rien. A part pour montrer l'étendue des post its et des tableaux qu'écris marguerite (qu'on voit APRES qu'ils aient été évoqués), l'image n'est jamais une plus-value, la même histoire aurait pu être racontée en livre ou en BD ça aurait été la même chose. Je veux dire qu'il n'y pas d'utilisation du montage, de la temporalité forcée du cinéma, peu de hors champ pour procurer des émotions spécifiques au cinéma, c'est pour ça que je ne ressens rien si ce n'est de l'agacement (ya juste la scène de sexe avec Yanis qui est assez rigolote et réaliste car ça dure un peu malgré le bruit du lit, même si pourquoi marguerite est-elle autant habillée ?).


Bref plein de trucs là pour rien, trop de vide, le sujet des maths n'est pas traité non plus comme tel (j'y ai cru à un moment, l'obsession que ça pouvait causer mais finalement, à la trappe comme le reste), trop de musique (yen à une qui dure super longtemps au début, pourquoi ?). Je me demande vraiment comment ce film a été pensé.

Laiospeps
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le 15 avr. 2024

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