Ce film est superficiel, il évoque de nombreuses thématiques mais rien n'est exploité :


-Le personnage de Mendoza : il est censé passer pour un criminel qui se repentit. On le voit à peine comme un criminel (juste la scène du début), à cette époque ça n'est pas moralement répréhensible de tuer pour l'honneur. Mais à la limite le crime en lui-même n'est pas fondamental, on comprends ses raisons rapidement. Le problème est qu'on ne le voit pas en position de regret, on ne le voit en prison que quand Gabriel vient le chercher. De plus, je crois que ce n'est pas vraiment une contrition, il veut un défis. Et donc après avoir porté des armures pendant x temps (heureusement, c'est long, on le voit bien galérer) il accueillis par la tribu. Sont-ils au courant de ce qu'il a fait ? Est-ce parce qu'il a produit cet effort (qui ne sert pas Dieu) qu'on lui offre une seconde chance ? Je ne crois pas, je vois pas l'intérêt de mettre en scène une rédemption comme ça. Il devient bien jésuite donc il a été "sauvé" par Dieu non ?

Il devient donc membre de la tribu, on lui fait des tatouages, il n'en est évidemment pas totalement membre (la scène où on lui propose de tuer un sanglier), c'est cohérent. Cependant on le voit pas se fondre dans la population, on le voit pas retrouver la gout de la vie grâce à ses actions au sein de la communauté. Alors son engagement n'a aucune valeur à mes yeux.


On aurait pu en faire déjà un vrai criminel sauvé par Dieu, voir comment le secours de fait pour lui, il aurait pu remettre en cause les bénéfices de la religion pour la tribu en constatant que la religion l'a sauvé lui mais qu'elle n'apporte que des problèmes aux indigènes (oui il le dit à un moment, mais ce n'est pas exploité).


-La tribu est présente mais pas une fois on se s'intéresse à elle, ses coutumes, leur façon de vivre avec la religion. Leurs intérêts ne sont défendus que par les jésuites.


- Les intrigues politiques de même, n'apportent rien, qui est déjà allé à l'école à déjà conscience que les européens ont colonisé et imposé l'amérique, évidemment qu'il y a eu de l'esclavage (traité de Tordessillas). Il n'y aucun intérêt documentaire et historique à ce film. Ce n'est même pas une retranscription des enjeux de l'époque. On a d'ailleurs aucune information ce qu'est l'ordre des jésuites : son fonctionnement etc. On voit la différence de point de vue quant au traitement des colonisé entre Gabriel et Mendoza c'est vrai mais on va y revenir.


En fait je ne vois pas le but du film. Les réflexions sur la religion sont très simples, ne rendent pas compte de la complexité des enjeux de l'époque relatifs à chaque acteur, alors que c'est un peu le but non ? (Je dis pas que ça devrait l'être, juste que c'est la prétention du film). Alors certes c'est plutôt joli, les musiques sont agréables mais à part je ne vois qu'une "qualité" : l'échec. Mendoza se détourne de la religion (ça à non plus l'air de le déranger), il retourne à des intérêts matérialistes, il n'était pas encore totalement aliéné par sa religion (comme on le voit lorsqu'il insulte don cabeza.) Alors il joue le jeu des Hommes car il n'y a que ça à faire. Gabriel reste dans son mirage de l'amour et se rend compte qu'il ne peut vivre dans un tel monde. Ces deux voies échouent toutes les deux ne manière lamentables, rien ne surpasse la puissance militaire ici. Même le type qui ordonne aux tribus de partir semble accablé par le système. Ils finissent tous par mourir. J'imagine que la scène de la mort de Gabriel est censée être un peu émouvante, un ultime dévouement, rester fidèle à Dieu même dans la mort. Moi je l'ai plus perçu comme l'absurdité de ce qu'ils sont en train de faire mais j'ai un gros biais contre la religion a priori.


Mon plus gros problème avec le film est donc qu'il ne traite finalement de rien comme je l'ai dis, il ne propose rien dans le fond. Alors qu'on aurait pu aborder la question de l'esclavage, de la religion par bien d'autres aspects et proposer quelque chose d'intéressant. On sait que le code noir, même si il a perpétué l'esclavage à fournit des droits aux esclaves (des droits de "marchandises" certes, mais factuellement, on leur a donné des droits), le Pape avait déclaré qu'il fallait considérer tous les humains comme des êtres spirituels. Alors si avec mon inculture je trouve sans efforts deux exemples plus ambiguës dans l'histoire de la colonisation, c'est qu'il doit y en avoir bien plus. Il n'y a ici aucune prise de position originale sur le réel alors que le thème général du film s'y portait, c'est triste.

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le 13 mai 2023

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