Une nouvelle fois, un film d'animation prouve l'excellence de l'école française, appliquée, délurée, ambitieuse. Bien qu'il soit crédité pour la première fois en tant qu'unique réalisateur d'un long-métrage, Patrick Imbert n'est pas un néophyte de la discipline, lui qui fut entre autres, réalisateur de deux des trois courts-métrages avec Benjamin Renner du film césarisé Le Grand Méchant Renard et autres contes...


Comme son compère Funan, relié par la même scénariste (Magali Pouzol) Le Sommet des dieux souffle l’épique pour balayer le manteau neigeux qui recouvrait une histoire s'est déroulée à des milliers de kilomètres de la Métropole. Ici, pas de révolution Khmère rouge. Seule subsiste une mer blanche, l'écume des heures de transpiration et de répétitions, d'hommes plus ou moins fous qui décident de se lancer, à corps perdu, dans une aventure qui les dépassent. Le combat est inégal. S'opposent, l'homme fluet et aiguisé, et le monstre montagneux, doté d'ongles acérés et de courbes tantôt arrondies, tantôt franches. Face à cet ennemi qu'il ne peut domestiquer, le l'ouvreur décide de se taire pour entrer en communication, si ce n'est en communion, simplement ouvrir les voies, peut-être celles du cœur, à dos de montagne.


A Katmandou, le reporter japonais Fukamachi croit reconnaître Habu Jôji, cet alpiniste que l'on pensait disparu depuis des années. Lancé dans une quête de vérité, inatteignable elle aussi, afin de déterminer si George Mallory et Andrew Irvine sont les premiers hommes à avoir atteint le sommet de l'Everest, le 8 juin 1924, Fukamachi se lance sur les traces de Habu qui semble détenir les clés de la réponse. Pourtant, là n'est pas l'essentiel. La quête de vérité est certainement une quête inassouvissable comme ce monde de passionnés assoiffés de conquêtes impossibles que Fukamachi découvre. L'animation met au jour monts et merveilles qui côtoient la folle ambition humaine de ne pas cesser de s’élever. Le Sommet des dieux redresse le spectateur dans son siège, lui offrant le loisir d’admirer ces vagabonds des étoiles qui exposent leurs vies à la crête d’une mort impatiente à l'idée même de les dévorer. Une œuvre à la hauteur de son sujet, qui n’a pas la prétention de démontrer quoique ce soit. Seule subsiste l’art de conter l'onirisme de ces hommes en proie à la beauté dangereuse de la montagne.


Pour lire ma critique imagée : https://lestylodetoto.wordpress.com/2021/08/18/avoir-voie-au-chapitre/

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le 18 août 2021

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