Ce premier long métrage d'un réalisateur ukrainien se distingue par une direction artistique grandiose, un sens du cadre épatant et une photographie sublime, le rendant absolument agréable à suivre et donnant hâte de découvrir les prochains films de ce metteur en scène. Hélas le film se voit handicapé par un scénario léger, qui sans être indigent, manque d'envergure et révèle très (trop) vite ce à quoi il va conduire le protagoniste principal, rendant l'expérience sinon désagréable, loin s'en faut, attendue et sans surprises ou points de vues risqués.


Pamfir est un colosse, une force de la nature qui revient dans son village perdu dans la campagne ukrainienne après plusieurs mois d'absence pour des raisons économiques, il fait partie de ces travailleurs immigrés qui s'exilent pour subvenir aux besoins de leurs familles. Son retour le fait renouer notamment avec son fils, dont la mère manque d'ascendant sur lui et pour qui il doit reprendre la figure tutélaire et autoritaire du père malgré l'absence. L'économie du village repose principalement sur la contrebande notamment en raison de la proximité avec la frontière roumaine, particularité géographique qui aura son importance dans le film, mais Pamfir suite à un serment fait à sa femme de renoncer à ses activités de contrebandier ne veut plus participer, bien que sur le plan financier cela lui permettrait d'offrir une meilleure vie à sa femme et son fils.


Mais comme un dernier coup du sort, son fils se retrouve par ses frasques dans le pétrin et Pamfir doit renier sa promesse, afin de l'en extirper. Cette décision aura des conséquences où l'adversité, la corruption des élites et une forme de déterminisme social le conduiront à une chute que l'on pressent et qui ne manque pas d'advenir.


Encore une fois le film se démarque par sa plastique, le réalisateur et le chef opérateur délivrent une œuvre à la beauté stupéfiante, parvenant à donner à un environnement gris et boueux l'aspect d'un monde quasi féérique, presque surnaturel, où la nature parfois oppressante, parfois accueillante, parfois domptée s'enroule autour des rites et coutumes locales comme inextricablement liées dans les destins des hommes et femmes qui vivent là.


Les acteurs sont également particulièrement intéressants à suivre, que ce soit dans leur façon d'incarner leurs personnages ou leur façon de jouer avec les contradictions induites par le contexte dépeint.


En résumé, un premier film encourageant, où un homme contraint par l'adversité, la misère et la corruption se voit contraint de renier son serment, menant au drame dans un scénario trop attendu pour réellement conférer au film une aura de réussite absolue mais qui se défend avec panache et brio grâce à des images sublimes qui rendent l'ensemble plaisant à voir et que je reverrai certainement un jour.

Créée

le 13 juil. 2023

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