Je n'aime pas ces ruptures de tons entre comique grotesque et mysticisme. Cela fige le film dans une posture où la recherche de transcendance est déjà impuissante et où les manifestations d'un éventuel au-delà prennent d'emblée les masques et les couleurs de l'humain, sans qu'un réel dialogue ne s'instaure entre le connu et ce qui l'entoure, néant ou pas. Du coup, la fibre du film se tisse de constats assez triviaux sur des doutes ou des questionnements qu'il m'est facile d'avoir sans me pencher sur un film. Le cinéma doit proposer une vision bien plus forte, un voyage où l'auteur s'abandonne à lui-même, refuse d'étaler simplement ses craintes mais plonge en plein dedans, se confronte à ce qui lui fait peur pour en tirer des forêts d'images où son seul guide est son sentiment, et où son intellect n'a plus aucune prise. C'est la condition nécessaire pour que le spectateur lui-même puisse s'y perdre à son tour. Bien sûr, Le Septième Sceau convoque des sentiments, lui-aussi, mais ceux-ci, je les ai déjà éprouvés jusqu'à en ronger la corde, et voir celle-ci céder pour les laisser flotter dans le formol du déjà-vu, de l'inerte. Il faut me proposer bien plus halluciné, bien plus mystérieux, ou bien plus profond. Tarkovski admirait beaucoup Bergman, mais l'élève a, et de loin, dépassé le maître. Rien que La Source sera plus tard bien meilleur, d'ailleurs.