Après la sortie de route que constitue Le Fantôme de l’Opéra et avant plusieurs ratés, Dario Argento signait un retour aux sources avec ce pur giallo dont le titre français ridicule challenge presque le débile Frissons de l'angoisse. Les Goblin reviennent à la musique, le maître retourne à ses obsessions thématiques et visuelles, l’intrigue renvoie aux grands classiques du genre. Pluies orageuses, silhouettes inquiétantes, mains gantées, comptines pour enfants, présence d’animaux, traumatisme, mises à mort sanglantes, twist final, le résultat est une somme de clins d’œil à l’œuvre de Dario Argento. On y retrouve ses fulgurances esthétiques, notamment dans les séquences entourant les mises à mort, une intrigue tortueuse et une bande originale particulièrement efficace. De ces trois côtés, qui sont aussi la pierre angulaire de l'oeuvre du cinéaste italien, tout est intact.
Si l’univers de ses classiques est convié, la réussite n’est cependant pas totale. Trop de scènes de transition sont expédiées comme de pures scènes de téléfilm sans une once d’effort avec des plans moches et des dialogues au rabais. Le final n’est lui-même pas aussi explosif que ceux des Frissons de l’angoisse (auquel le film emprunte beaucoup) ou Ténèbres. Entre fulgurances et je-m’en-foutisme, le résultat maintient l’équilibre mais l’ensemble aurait nécessité davantage de rigueur pour emporter tout à fait l’adhésion et retrouver l’atmosphère si troublante de ses grands films. Outre Max Von Sydow qui est parfait, la fadeur des autres acteurs empêche également de se laisser totalement happer par le récit.
L’intrigue tient cependant la route (ce qui ne sera plus jamais tout à fait le cas dans les films suivants de Dario Argento) et le rythme alerte de l’ensemble nous entraîne facilement jusqu’au bout du film. On regrettera que le résultat ne parvienne pas à se maintenir à la hauteur de ses premières minutes qui soulignent combien la maîtrise du réalisateur était encore époustouflante à cette époque. Mais il faudra aussi rappeler que seul Dario Argento était encore capable au début des années 2000 de livrer des giallos de cette qualité. Ce n'est pas parfait, on est bien d'accord, mais l'ensemble tient largement la route.