Le cinéma d'horreur est un genre qui à tendance à s'embourber dans les œuvres insignifiantes ses dernières années, alors qu'à une certaine époque il était à l'origine de chef d’œuvres absolus qui ont durablement marqué le 7ème art. Au point même de continuer à alimenter l'imaginaire collectif. Mais ces derniers temps, entre les films de possessions démoniaques ou de fantômes qui se ressemble tous, il est rare de trouver la perle du genre. L'année dernière on avait été gratifié du sensationnel It Follows, qui dépassait admirablement son statut de film d'horreur pour trouver son ambition dans une oeuvre universelle et terriblement intelligente. Il marquait peut être un nouveau souffle au sein du genre qui tend à offrir des œuvres un peu plus originales, une tendance qui pourrait se confirmer cette année avec des films tel que The Witch, Krampus et bien entendu The Hallow, qui sont des films qui semblent quelque peu sortir des sentiers battus du genre.


Le folklore irlandais est vaste et passionnant, voir un film qui décide de s'y replonger pour en tirer une histoire horrifique était prometteur mais pourtant de cette envie pour le moins originale viendra la première déception qu'engendrera le film. Utiliser une mythologie aussi fascinante pour n'en retirer qu'une simple fable écolo se révèle décevant mais aussi limité. Utiliser l'horreur pour faire une parabole sur notre monde et nous-même à toujours défini les grands films d'épouvante, mais ici le scénario s'évertue à griller ses cartes dès l'introduction, posant ses ambitions sans la moindre subtilité et avec beaucoup de maladresses d'écritures. Le début se montrera donc assez laborieux et surtout beaucoup trop long, le récit n'arrivant pas à gérer le développement des personnages au sein de l'action, il va décider de bourrer la première demi-heure avec tout les développements. Plaçant le contexte, à base d'une émission de radio qui parle de déforestation, les personnages avec surtout le père de famille qui est là pour faire les repérages en forêt et marquer les arbres à abattre tout en appuyant bien sur l'hostilité des habitants de la région qui mettent en garde la famille de la manière la plus cliché possible, étant plus inquiétant que véritablement aidant. On est dans toute cette première partie en terrain connu, la famille étant très stéréotypé on a du mal à s'attacher à eux, le père étant écrit avec lourdeur répétant trop souvent qu'il doit faire son travail et donc collaborer à la déforestation mais que cela ne lui plait pas, pointant du doigt la lourdeur des dialogues. Au final que ce soit ça, les avertissements du voisin ou les choses étranges qui se déroule autour de la forêt, tout manque d'intérêt et de nouveauté et il faudra attendre que les choses commencent sérieusement pour plonger dans un home invasion habile et qui gagne en précision.
Dès que les créatures font vraiment leurs apparitions, l'ensemble se fait plus agréable à suivre, offrant même de bons moments de tensions. Même si on regrette l'explication maladroite de l'origine des créatures, qui évoqueront des choses aux fans du jeu vidéo The Last of Us, on reste satisfait de la manière dont l'intrigue met tout ça de côté pendant l'action, cherchant avant tout l'efficacité. Après l'agencement du récit se fait très didactique à cause de cela, ne développant pas les choses durant l'action il perd en fluidité et force maladroitement des moments de calme au sein des péripéties pour pousser les personnages à faire le point. Néanmoins l'ensemble se montre prenant, arrivant même à créer de l’incertitude en jouant sur notre propre perception en tant que spectateur, se servant de sa mythologie avec intelligence pour nous faire nous interroger de ce qui est vrai et de ce qui ne l'est pas. Il est dommage que la fin soit quelque peu anecdotique et manque d'ampleur même si elle est cohérente avec l'histoire mais on restera dubitatif quand à l'épilogue en forme de générique qui cède beaucoup trop à la facilité.
Le casting est globalement très bon, on reconnaîtra pas mal d'acteurs habitué aux seconds rôles à condition d'être fan de séries anglaises. La plupart ayant vraiment des petits rôles ne dépasseront jamais l'anecdotique mais le couple principal fait admirablement le job pour tenir le film sur leurs épaules. Joseph Mawle qui arrive particulièrement à palier les poncifs de son personnage pour lui donner plus d'épaisseur grâce au naturel de son jeu. Entre gravité et moments plus intimistes, il offre une prestation remarquable. Bojana Novakovic est elle aussi excellente mais reste un peu plus dans les limites de son rôle, jouant une mère protectrice avec justesse et conviction mais n'allant jamais chercher dans plus de nuances. Ce qui n'enlève rien à la force de son jeu mais qui la laisse un peu en retrait.
La réalisation est très maîtrisé malgré un budget léger qui aurait pu aboutir à un résultat plus kitsch. La photographie offre de très bons jeux de lumières et permet des images assez iconiques notamment dans le dernier acte du film. La lumière jouant un rôle important, elle est géré à la perfection et donne un rendu très intéressant sur l'atmosphère, le tout faisant un travail admirable sur l'ambiance poisseuse et cauchemardesque du film. Le montage aussi est plutôt habile, jouant plus sur la durée des scènes et la montée en tension que sur le jumpscare. Même si il cède à la pratique, il le fait avec intelligence et pas systématiquement arrivant à faire preuve d'inventivité avec le procédé. On regrettera juste une musique peu mémorable et un travail sur le son pas si impressionnant. Reste que la mise en scène de Corin Hardy se montre pleine de ressources. Le cinéaste signe son premier film mais il ne tombe pas dans certains écueils, renouvelant sans cesse ses effets mais en gardant une cohérence et une logique admirable. Il part d'une mise en scène calme et contemplative pour évoluer en home invasion aux séquences fortes ou il manie avec brio le hors champ, à l'image d'une séquence tétanisante où la famille est prise au piège dans une voiture et une autre dans un grenier, pour finir avec une mise en scène plus paranoïaque jouant sur les effets de flous et tournant peu à peu vers le film de traque. Iconisant son héros en digérant ses influences tel que Evil Dead, The Thing ou le cinéma de Cronenberg pour offrir des séquences finales bien foutues et qui n’appartiennent qu'au cinéaste. D'ailleurs le travail sur les effets spéciaux et sur le costume des monstres est impeccable, alimentant leurs côtés dérangeant pour les rendre authentiques et terrifiants. Il y a un retour au classique sur cet aspect qui n'est pas désagréable et qui confère un charme indéniable.


En conclusion The Hallow est un film d'horreur sympathique mais qui vaut surtout pour ses très bonnes fulgurances visuelles. La mise en scène est en constante évolution et ne cède jamais à la facilité pour offrir un rendu iconique à l'image d'un Evil Dead en son temps. Corin Hardy à indéniablement du talent et il le met à profit de la plus belle des manières, certains passages sont vraiment astucieux et mémorables dans leurs manières d'être pensés et exécutés. Mais finalement le scénario est le parfait contraire de ce travail de réalisation. Terriblement prévisible, grossier dans sa manière de caractérisé les personnages et d'utiliser le folklore irlandais sans parler des nombreux clichés et des dialogues peu inspirés. L'écriture est ici clairement un frein à l'oeuvre, souvent peu subtile et bien trop lourde et même si les bords sont arrondit par le talent des acteurs, ça ne suffit pas à rendre le tout stable. On se retrouve face à un film inégal dans sa manière de tout le temps repousser ses limites visuelles mais qui s'embourbe dans un scénario sans ambitions et guère passionnant. On est donc déçu du résultat, malgré qu'on soit devant un film efficace et globalement convaincant mais qui aurait pu aboutir à bien plus. C'est ce que son sujet et ses promesses laissaient en tout cas espérer.

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le 5 avr. 2016

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