Il aura fallu attendre 10 ans pour que Zach Braff nous ponde une nouvelle perle, œuvre qui n’a pu voir le jour que grâce aux dons des fans. « Le rôle de ma vie » est un peu comme la suite de « garden state » ou même de « scrubs », qui évoquaient l’histoire de jeunes adultes remplis de doutes et d’espoirs, pour les placer en tant qu’individus matures, confrontant leurs rêves avec les contraintes de la réalité. J’ai hésité à écrire sur ce film, l’ayant déjà fait pour « garden state », mais j’y ai passé un tel bon moment qu’il m’a paru inconcevable que je n’écrive pas quelques mots (avec beaucoup de retard certes…).

Ainsi Aidan est père de famille et espère percer pour accomplir son rêve de devenir acteur. Mais il doit se rentre à l’évidence, ce fol espoir apparaît de plus en plus insensée et il doit penser aux besoins de sa famille, entretenue jusque là par sa femme qui a accepté de se sacrifier. Mais ce qui l’amène vraiment à se rendre compte de la dure réalité, c’est la maladie de son père, avec qui il entretient des rapports plutôt tendus. En effet ce dernier ne l’a guère encouragé dans ses choix de vie. Enfin les difficultés financières ne lui permettent plus d’envoyer ses enfants dans une école privée juive, un problème auquel il devra remédier. Et n’étant pas croyant ce n’est pas dans la religion qu’il pourra espérer obtenir de l’aide, et encore moins de la part de ses disciples...

Difficultés financières, maladie, disputes familiales, religion, des thèmes sérieux mais qui n’empêchent pas le film, comme le précédent, de distiller un humour bien dosé, un vent rafraichissant chargé de folie douce incroyablement bien venu. Il rappelle que malgré toutes les peines de l’existence, les contraintes qu’on ne pas ignorer, la vie comporte malgré tout de bons moments, qu’il ne faut pas oublier de rire et de conserver une dose de dérision.
Aidan entreprend un incroyable périple initiatique avec ses deux enfants pour trouver un nouveau sens à sa vie, entre les cours à la maison (« récré ! » « bocal » !), la marche fière des trois acolytes déguisés, pour finir sur une note plus intimiste avec le recueillement au sommet des falaises du désert californien. Le tout ponctué de très jolies musiques qui résonnent encore dans mes oreilles pour perpétuer leur œuvre bienfaitrice sur le moral : Holocene, Mexico, Oblivious Child, radical face.
Et que serait ce genre de production sans ses personnages barrés : du vieux rabbin qui s’extasie devant des vidéos de chat au collègue de bureau lourdingue, sans oublier le frère d’Aidan marginal et solitaire. Son défilé en costume au comic con est un grand moment ! D’autant que Zach Braff a fait venir son vieux partenaire Turk (Donald Faison, pour une apparition trop brève hélas), le désormais célébrissime Sheldon (Jim Parsons), et les sériephiles reconnaîtront le sympathique Saul de « Homeland » (Mandy Patinkin).

Le film parvient donc à être à la fois très drôle mais aussi très touchant, tel les dialogues d’adieu entre Aidan, sa femme et son père, un mélange pas si improbable qui n’est pas sans rappeler les grandes heures de « scrubs », entre les délires des jeunes docteurs et la dure condition de l’existence, surtout à l’hôpital. Positif et réaliste à la fois, « le rôle de ma vie » est le genre de film qui procure un véritable regain au moral, à recommander contre tous les tracas de l’existence.
Enlak
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le 7 oct. 2014

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