Il est une chose qu'il faut saluer d'entrée, c'est le fait que Yves Robert a réussi à maintenir une certaine continuité narrative et stylistique avec le premier épisode. Comme si les deux films avaient été tourné l'un après l'autre. La lecture entre les deux films n'est en aucun cas heurtée par un changement de casting notoire ou pire encore un ton diamétralement opposé. Au contraire, on peut voir les deux films à la suite et apprécier la fluidité du récit.

Il est vrai que les personnages principaux sont encore là. Mireille Darc est en retrait certes, on la voit un peu moins, mais Jean Rochefort est encore plus salop. On voit nettement dans son jeu le panard qu'il prend à jouer ce machiavélique Colonel Toulouse.

Pierre Richard est beaucoup plus démonstratif. Ses capacités physiques, élastiques, alliées à son humour virevoltant trouvent dans ce scénario un terrain de jeu idéal. Car, par rapport au premier film, il est une donnée très différente et qui change tout : le "grand blond" sait désormais qu'il est considéré comme un véritable espion par un grand nombre de personnages. Aussi Pierre Richard va-t-il jouer le James Bond et ses petites contrariétés avec une jubilation évidente. Dans la geste bondienne, il déploie des trésors grimaciers pour singer le bagarreur britannique.

Autre nouveauté qui s'inclue astucieusement dans le récit, Michel Duchaussoy campe le nouvel adversaire de Rochefort.

Comme j'ai oublié de l'évoquer dans ma chronique du premier film, je m'en vais corriger cette erreur monumentale afin de conclure cette mini série : Vladimir Cosma a trouvé là un air très entêtant et qui reste parmi les musiques de film les plus reconnues. Aussi simple que la réalisation d'Yves Robert, cette mélodie enjouée est très facile à retenir, à siffloter. Elle marque. Elle accompagne le film sous ses diverses formes et rythmes, avec un bonheur qu'on pourrait qualifier de communicatif.

Finalement ce diptyque d'Yves Robert respire la gaieté. J'ai évoqué la simplicité. Mais c'est un leurre, parlons plutôt de gaieté. De celle qui se voit sur les visages des comédiens, de celle qu'on entend dans les dialogues, la musique. De celle que le film engendre sur le visage des spectateurs. Décidément, Yves Robert réussit une nouvelle fois à mettre sur pellicule ce sentiment hédoniste, comme par principe, peut-être par obligation morale, un credo que je fais mien.
Alligator
7
Écrit par

Créée

le 24 déc. 2012

Modifiée

le 11 déc. 2013

Critique lue 939 fois

7 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 939 fois

7

D'autres avis sur Le Retour du grand blond

Le Retour du grand blond
Play-It-Again-Seb
6

Le grand blond avec une chaussure rouge

Comme dans tout suite qui s’entend, ce film joue la carte de la surenchère mais l’exercice est ici délicat. Dans le premier opus, Pierre Richard était un ahuri qui ne se rendait pas compte de ce qui...

Par

le 4 févr. 2022

13 j'aime

1

Le Retour du grand blond
JeanG55
9

On l'enterre tout à l'heure, vaudrait mieux qu'il soit mort.

Toujours délicat de faire une suite à un film. Dans le cas du "Grand Blond", on peut dire que ça s'imposait presque puisqu'on laissait nos deux héros François Perrin et Christine (dans une grosse...

le 23 déc. 2021

10 j'aime

7

Le Retour du grand blond
Alligator
7

Critique de Le Retour du grand blond par Alligator

Il est une chose qu'il faut saluer d'entrée, c'est le fait que Yves Robert a réussi à maintenir une certaine continuité narrative et stylistique avec le premier épisode. Comme si les deux films...

le 24 déc. 2012

7 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime