Quatrième opus de la série des Harry Callahan, Sudden impact montre de façon évidente que les temps ont changé pour Clint Eastwood. Niché au milieu d’un ensemble de films (notamment des comédies) qui n’ont pas emballé la critique et qui ont parfois rendu sceptiques ses fans, il revient dans la peau du célèbre lieutenant pour balancer à la figure de tout le monde son savoir-faire et son envie de raconter d’autres choses dans son cinéma.


Si le scénario est suffisamment astucieux pour imbriquer ces deux intentions, ce qui frappe ici c’est l’effort déployé pour trouver une unité entre les deux. D’un côté, on a un Clint presque parodique qui demande en murmurant « Vous voulez du Callahan ? Je vais vous en donner, c’est facile » et qui aligne les punchlines et les morceaux de bravoure. De l’autre, on a le sujet de cet opus, noir et poisseux, à la complexité très éloignée de l’univers des Callahan, avec un tueur au portrait fouillé dont les motivations sont sans cesse justifiées. Plutôt féministe (même si cela ne l'empêche pas de botter les fesses d'une femme qu'il traite aussi d'animal !) avec une conclusion qui ne cadre pas avec les méthodes de Callahan même si le déroulement de l’intrigue est suffisamment adroit pour donner cette illusion, Eastwood se sert de son personnage fétiche pour aborder un virage.


Tout son art réside ici à maintenir un équilibre jamais bancal à une entreprise hautement casse-gueule. Grâce, notamment, à une réalisation au cordeau (même si certains plans sont très proches du pastiche) n’hésitant pas à reprendre des plans à la Don Siegel et à convier un univers parfois à la Hitchcock, il donne une véritable ambition psychologique (voire psychanalytique) à une saga qui ne s’était jamais embarrassée d’un tel effort.


Entre polar sombre, humour cinglant ou potache, mythification appuyée de son personnage, action, peinture psychologique, critique d’une société où les puissants protègent par intérêt les crapules, message féministe, Clint Eastwood propose un film riche qui a le pouvoir de toucher un très large public. L’ensemble est donc forcément quelque peu hétérogène mais il faut être quand même sacrément doué pour maîtriser tout ça.

Play-It-Again-Seb
8

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le 8 janv. 2021

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