Du roman magistral de Christopher Priest le scénario va conserver l’idée principale de cette lutte entre deux magiciens dans une Angleterre victorienne entre luxe et ruine. Dans le livre, tout se passait de nos jours par le truchement de deux descendants de ces magiciens qui cherchaient (au travers des cahiers de leurs aïeux) à comprendre le pourquoi de leur haine ancestrale, et ce qu’il était advenu de ceux-ci. Ici, la thématique des cahiers est maintenue, mais ce sont les protagonistes eux-mêmes qui les lisent.
Entre jeux de dupes, manipulations, coups tordus, on découvre une haine viscérale qui oppose deux écoles : le talent pur mais sans décorum (Borden, joué par un Christian Bale assez impressionnant) versus l’apparat mais avec le côté laborieux (Angier, interprété par un Hugh Jackman, véritable Barnum de l’illusion).
La course au « toujours plus » ne peut que les conduire à de dramatiques conclusions, ce qui va inévitablement se produire.
Angier est aveuglé, et ne veut pas voir la solution au tour que réussit Borden, car elle lui paraît trop simpliste. Borden va en jouer, car plus manipulateur.
Un film plutôt réussi, dans lequel chacun va prendre plaisir à essayer de comprendre le récit, car Nolan abuse (et c’est un des défauts du film) de la destructuration du récit.