Un tournage pharaonique & maudit, pour lequel il n’existe aucun autre équivalent dans le cinéma fr.

Il n‘existe aucun autre équivalent dans le cinéma français (le plus cher jamais financé) que le tournage pharaonique, épique, onéreux et… chaotique du film Les Amants du Pont-Neuf (1991) de Leos Carax. Dépassement (de 4x) du budget initial, 5 producteurs différents qui se sont succédés, 3 ans de tournage et 8,5 hectares de décor ! Le Pont-Neuf des amants (1991) de Laurent Canches revient sur cette incroyable épopée, filmant le début du chantier en 1988 jusqu’à sa destruction en 1991.

Le tournage devait initialement se dérouler à Paris, sur le vrai Pont Neuf, sauf que, quelques semaines avant le début du tournage, Denis Lavant se blesse, empêchant le tournage d’avoir lieu en août 1988. La préfecture de Paris refusant de bloquer le pont bien au-delà de la date prévue, l’équipe n’a d’autre choix que de trouver un autre lieu pour reconstituer tout ou partie du quartier.

On y découvre un décor spectaculaire et gigantesque, où a été construit une partie du quartier du 1er arrondissement parisien. A Lansargues (dans le domaine de Tartuguières), dans un petit village de la “Petite Camargue”, où les ouvriers et décorateurs ont bâti un décor représentant le fameux Pont Neuf et les immenses façades de la Samaritaine et du Conforama (tous les deux donnant sur la Seine… reconstituée elle aussi dans un étang artificiel), le Pont au Change, ainsi que statue d’Henri IV (en mousse expansée).

On découvre à quel point le film a pu être maudit, entre son tournage délocalisé en province, les producteurs qui se sont succédés (certains ont fait faillite), contraignant le tournage a être à l’arrêt pendant plusieurs mois consécutifs. Ajoutez à cela, des tempêtes qui ont saccagé les décors, ce sont des millions de francs qui sont partis en fumée.

« 110 millions de francs engloutis. »

On découvre aussi le travail des décorateurs (comment donner à la Seine, ou plutôt, à l’étang censé la représenter, sa couleur d’origine ? En utilisant le fumier des canards !) On les voit aussi peindre les (faux) ponts et rajouter des couches de peinture pour représenter les fientes de pigeons. Ces dizaines de faux arbres (et leurs 180 000 feuilles momifiées) plantés le long des rives, les réverbères, les pavés, la fausse neige, … La transformation de cette bande de terre perdue au milieu de nul part se transforme au fur et à mesure et la magie opère, le résultat est tout simplement bluffant, voir sidérant.

Plus de 30 ans après le tournage, le site de Lansargues conserve encore les stigmates de ce tournage insolite, la nappe phréatique a été atteinte par endroit, des restes de ferrailles, des pavés et du bitume jonchent encore le sol, la dépollution coûtera quant à elle plusieurs millions d’euro.

Dans le même registre, je vous recommande de regarder Enquête sur un film au-dessus de tout soupçon d’Olivier Guiton (1991) qui s’intéressait lui aussi à ce tournage catastrophique et démesuré.

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le 29 févr. 2024

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