Le Pigeon est considéré comme un joyau de la comédie italienne, une des grandes réussites de ce genre typiquement transalpin qui joint un humour bien particulier, souvent basé sur la farce, à l'étude de moeurs et de caractères. Le style est cependant réaliste pour mieux faire ressortir les intentions satiriques de la condition sociale en filigrane, car l'humour repose sur la maladresse des personnages qui sont de petits malfrats pas bien dangereux et pas méchants, l'équilibre est parfait entre cet humour et une certaine tendresse qu'on éprouve pour cette bande de bras cassés qui sont tous socialement définis, bien observés et bien typés, donc forcément très attachants et irrésistibles dans leur médiocrité.
Ces savoureux minables bricolent un grand projet avec de petits moyens, en affrontant les vicissitudes de l'existence. Avoir Vittorio Gassman, Mastroianni, Renato Salvatori et Toto réunis dans le même film, c'est un régal, sans oublier Claudia Cardinale toute jeunette qui commençait à percer, le film repose sur ces improbables Pieds Nickelés de la débrouille aléatoire mais aussi sur ses acteurs qui livrent des numéros savoureux.
Le film est autant un regard sur l'Italie d'après-guerre avec le pathétique de la condition sociale et un parfum d'amertume qu'une parodie des films de gangsters, notamment celui de Dassin, Du rififi chez les hommes pour sa longue scène du cambriolage émaillée d'incidents comiques, tout comme sa préparation où Mario Monicelli sème de nombreux détails amusants. Pas étonnant que le Pigeon ait reçu pas mal de récompenses et qu'il obtint un gros succès public.