Mythologie de l’Amérique et fin d’une époque…

Si Le Parrain 2 peut déjà se vanter d’être la meilleure suite jamais réalisée, il est encore plus admirable d’analyser que Coppola ait pu surpasser et sublimer un classique déjà inscrit dans le panthéon de l’Histoire du Cinéma.
Révolutionnant un genre imprégné d’un fort moralisme, ou le moindre anti-héros, même comme personnage principal, s’incurvait inévitablement face à la justice et à une certaine bien-pensance puritaine, Coppola poursuivit sa lancée, bâtissant sa suite sur les fondamentaux de son premier film tout en dépassant et surpassant la profondeur des thématiques développées par celui-ci.


Doté d’une réalisation aussi fabuleuse que son premier opus, reprenant la superbe bande originale composée par Nino Rota ainsi qu’une performance d’acteurs magistrale, l’ambition supplémentaire de ce film réside cependant dans sa narration exceptionnelle.
Les deux histoires du film : celle de Michael, reprenant là où le premier film nous laissait, et celle du patriarche Vito, de son origine en Sicile jusqu’aux prémices de son empire, subliment la métaphore de Coppola sur le capitalisme et l’évolution de la société américaine.
Sa réalisation et son découpage servent cette double narration alternée, créant un écho entre chaque histoire, chacune répondant à l’autre, chacune évocatrice d’une époque et d’une mentalité opposée...
L’histoire de Vito étant l’incarnation de l’idéalisme du rêve américain (simple immigrant arrivant à New York par Long Island et la Statue de la Liberté), doté d’un lyrisme assumé et non réaliste, cherchant à susciter une certaine nostalgie très poétique d’une époque obsolète. Quant à l’histoire de Michael, elle symbolise un capitalisme froid et déconnecté d’humanité, le fils détruisant l’œuvre du père ainsi que sa propre famille par quête de pouvoir.


Bien plus qu’un film de gangster ou de mafieux, le Parrain 2 est une œuvre poétique et personnelle, faisant office pour Coppola bien plus qu’un simple metteur en scène mais d’un chroniqueur d’une Amérique changeante, annonçant les prémices d’une fin de rêve américain. Une tragédie grecque sublimée par son incrustation historique et réaliste, une mythologie de l’Amérique revisitée comme témoignage d’une époque révolue…

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le 14 déc. 2017

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Wirn

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