Il y a toutes les raisons d'être méfiant quand un film occidental se penche sur des us et coutumes jugés barbares, dans un endroit de la planète prétendument moins "développé." En l'occurrence, dans Le mariage de Verida, il s'agit de la Mauritanie et de la pratique qui consiste à gaver de nourriture la promise avant son union arrangée, afin de plaire au futur époux et à la belle-famille. Cependant, malgré les préventions d'usage, le premier long-métrage de fiction de l'italienne Michela Occhipinti semble plus que sincère et honnête dans sa démarche. Tais-toi et mange, tel est donc l'ordre donné à une jeune femme sans que quiconque n'y voit d'objections, hormis les amies proches de la susdite, pour qui la soumission à des règles dépassées est incompatible avec leur mode de vie, plus proche de la "modernité" qu'on ne le pense. Le mariage de Verida trace un portrait sensible et nuancé d'une adolescente partagée entre le respect et la rébellion. Peu de clichés apparaissent dans une peinture sociale qui aurait tout de même gagnée à s'élargir, au-delà du quotidien de son héroïne. La direction d'acteurs d'Occhipinti est remarquable et la mise en scène sobre mais jamais mièvre. La réalisatrice, qui a signé auparavant un documentaire sur le désert, aurait sans doute pu donner davantage d'espace au romanesque mais c'est avant tout un film sur une tradition que l'on a bien du mal à ne pas condamner, aussi étrangers à la Mauritanie et à sa culture que nous puissions être.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2019 et Mon Festival de La Rochelle 2019

Créée

le 5 juil. 2019

Critique lue 1.4K fois

9 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

9

D'autres avis sur Le Mariage de Verida

Le Mariage de Verida
constancepillerault
7

Critique de Le Mariage de Verida par constancepillerault

C'est un film qui offre un regard sur une tradition méconnue ici , le gavage des futures épouses pour plaire au promis , et sur un pays finalement tout aussi mal connu (ou presque), dont on...

le 12 sept. 2019

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13